Philosophy of the Jesuits in Poland since the 16th until the 20th Century
La philosophie des jésuites en Pologne du XVIe au XXe siecle.

K. Rachański, Ks. Roman Darowski SJ. Biografia. Bibliografia, Kraków 1995; Informator nauki polskiej, 1994/95, Warszawa 1995 (and in following editions); Informator filozofii polskiej, Kraków 1995, p. 94-95, 264, 260, 45, 82, 100, 107, 148, 310, 335-336; G. Polak, Kto jest kim w Kościele katolickim, Warszawa 1996, p. 57-58; Elenchus Patrum in C[ongregatione] G[enerali] XXXII, 1974 [Roma 1974], p. 60; Encyklopedia wiedzy o jezuitach na ziemiach Polski i Litwy, 1564-1995, Kraków 1996, p. 119; Ks. Prof. Roman Darowski SJ, "Ruch Filozoficzny", 54: 1997, p. 470-476; Współcześni Uczeni Polscy. Słownik biograficzny, t. 1, Warszawa 1998, p. 287-288; Złota Księga Nauki Polskiej 1999, Gliwice 1999, p. 42-43; Złota Księga Nauki Polskiej 2000 – Naukowcy Przełomu Wieków, Gliwice 2001, p. 75; G. Polak, Kto jest kim w Kościele, Warszawa 1999, p. 59; R. Darowski, Filozofia jezuitów w Polsce w XX wieku. Próba syntezy – Słownik autorów, Kraków 2001, p. 116-128; Kto jest kim w Polsce, Warszawa 2001, p. 151; Kto jest kim w Polsce nowego Millennium (2000-2002), Poznań 2002, p. 107-108; Who is Who w Polsce, wyd. II, Zug (Schweiz) 2003, p. 648 (Hübners blaues Who is Who; and in following editions); Informator filozofii polskiej, Kraków 2004, p. 38, 39, 95, 115, 130, 176, 266, 327, 361, 397; Kto jest kim w Polsce, 2004, Poznań 2004, t. 1, p. 239; Złota Księga Nauk Humanistycznych, 2004, Gliwice 2004, p. 60; Kto jest kim w Polsce 2004/5, Poznań 2004; Philosophia rationis magistra vitae, red. J. Bremer, R. Janusz, t. 1-2, Kraków 2005, t. 1, p. 19-51 and passim; Szczepanowice nad Dunajcem. Dzieło zbiorowe pod red. R. Darowskiego, Kraków 2005, p. 353-441; Złota Księga Nauki Polskiej, 2005. Naukowcy Zjednoczonej Europy, Gliwice 2005; Prof. Roman Darowski, S.J. On the Occasion of his Seventieth Year, „Forum Philosophicum", 10: 2005, p. 253-255; «Philosophia vitam alere». Studia Professori Romano Darowski SJ septuagenario dicata, modernate S. Ziemiański, Kraków 2005, pp. 793, Summaries in foreign languages, p. 90-112.
Who's Who in the World, 15th Edition, 1998 (and in following editions) – Marquis Who's Who (USA); International Who's Who of Intellectuals, 13th Edition, Cambridge 1998; Dictionary of International Biography, 27th Edition, IBC, Cambridge 1999 (and in following editions); Outstanding People of the 20th Century, IBC, Cambridge 1999 and 2000; 2000 Outstanding Scholars of the 20th Century, IBC, Cambridge 1999 and 2000; 2000 Outstanding Intellectuals of the 20th Century, IBC, Cambridge 2000 (and in following editions); 2000 Outstanding Scholars of the 20th Century, IBC, Cambridge 2000; 2000 Outstanding Intellectuals of the 21st Century, IBC, Cambridge 2001; 2000 Outstanding Scholars of the 21st Century, IBC, Cambridge 2001; Outstanding People of the 21st Century, First Edition, IBC, Cambridge 2001 (and in following editions); Who’s Who in the 21st Century, First Edition, Cambridge 2001 (and in following editions); 2000 Outstanding People of the 21th Century, IBC, Cambridge 2004 (and in following editions).
Et reliqua ...

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Préface                             11
Liste des abréviations     13
Introduction                      15
Bibliographie                    23

PREMIERE PARTIE
LA THÉORIE DE L'ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE:
DIRECTIVES DE L'ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE

Avant propos                                                                                     45
Les Constitutions de la Compagnie de Jésus                                  46
La Ratio studiorum de François de Borgia (Borja), 1565-1570     49
Le projet de la Ratio studiorum de 1586                                         55
Les remarques de la Commission polonaise                                   63
La Ratio studiorum de 1591                                                             67
La version définitive de la Ratio studiorum1599                            77
Conclusion                                                                                          87
Annexe: Le Décret de François de Borgia de 1565
    sur le contenu de l'enseignement de la philosophie                     94

L'ouverture du college (1565) et les débuts de l'enseignement de la philosophie.
L'inauguration des études completes de philosophie (1592)                        97
Richard SINGLETON, 1592-1595
Biographie, Écrits, Conceptions                                                                   102
Jean GERARDINUS, 1595-1598                                                                104
Stanisław RADZIMSKI, 1598-1601
Biographie, Écrits, Conceptions                                                                   118

Les débuts de l'enseignement de la philosophie (1570)
et l'inauguration des études completes de philosophie (1572)           133
John HAY, 1572-1575
Biographie, Theses, Conceptions                                                        136
Pedro VIANA, 1575-1578
Biographie, Écrits, Conceptions                                                          148
Leonard KRAKER, 1578-1586
Biographie, Écrits, Conceptions                                                          166
Marcin ŚMIGLECKI, 1586-1591
Biographie, Écrits: Commentaires sur l'Organon d'Aristote
(1586/87), De l'usure (1596); Conceptions                                          185
Miguel ORTIZ, 1591-1594                                                                   225
Diego ORTIZ, 1594-1597                                                                     227
Hieronim STEFANOWSKI, 1598-1599                                               228
Andrzej NOWAK, 1599-1603
Biographie, Écrits, Conceptions                                                           229

L'ouverture du college (1573)
    et le développement des études philosophiques                            245
Jan Wuchaliusz                                                                                    247
Adrian Junga                                                                                       253
L'inauguration des études completes de philosophie (1585)            266
Fabrizio PALLAVICINI, 1585-1587                                                  267
Johannes KLEIN, 1587-1590
Biographie, Écrits, Conceptions                                                         269
Diego ORTIZ, 1591-1594
Biographie, Écrits, Conceptions                                                         288
Hieronim STEFANOWSKI, 1594-1597
Biographie, Écrits, Conceptions                                                         313
Mateusz BEMBUS, 1598-1602
Biographie, Écrits, Conceptions                                                         328

L'ouverture du college (1584)
    et les débuts de l'enseignement de la philosophie                         343
L'inauguration des études completes de philosophie (1597)             344
Wojciech ROŚCISZEWSKI, 1597-1600                                             349

Annexe 1. Jésuites polonais professeurs de philosophie a l'étranger au XVI^e siecle    375
Annexe 2. Études philosophiques des Polonais dans les écoles des Jésuites
hors de Pologne au XVI^esiecle             376
Annexe 3. [John Hay] Assertiones philosophicae, Vilnae 1574 (réproduction)              380
Annexe 4. Terminologie philosophique latine-polonaise                                                  386
    polonaise-latine                               397
Table des matieres (en français)        411
Résumé du livre (en français)            415
Liste des illustrations                         438
Index des personnes                          439

Notre travail traite de la philosophie enseignée au XVI^e siecle dans les colleges des jésuites en Pologne et en Lituanie (qui constituaient alors un seul Royaume), c'est-a-dire de la philosophie strictement scolastique et de la philosophie liée a l'enseignement, donc de la philosophie au sens strict du mot. A part cela, il y eut une philosophie au sens large, contenue dans divers livres écrits par des jésuites et présente aussi dans leurs travaux théologiques, dans leur prédication et dans d'autres formes de leur activité. Comme exemple typique, on peut mentionner ici la philosophie sociale et politique de Pierre Skarga. Or, la philosophie au sens large n'est pas ici l'objet de nos recherches.

PREMIERE PARTIE
LA THÉORIE DE L'ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE:
DIRECTIVES DE L'ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE

Si l'on veut étudier comment on enseignait la philosophie, on peut utiliser ces deux pistes principales: examiner les directives sur l'enseignement et leur application dans les milieux alors en activité: College de Vilna qui deviendra Académie en 1579, colleges de Poznań, de Braniewo (Braunsberg) et de Kalisz. De plus, quelques autres colleges dispensaient en rhétorique des cours abrégés de philosophie appelés dialectique.
Le présent travail examine les principes, les normes et les regles établis par les autorités de la Compagnie de Jésus, car c'est sur eux que s'appuyait l'enseignement de la philosophie dans les territoires de la République des deux Nations: La Pologne et La Lituanie. Il tient compte des regles générales concernant toutes les écoles tenues par l'Ordre, et des instructions édictées spécialement pour notre territoire ou meme pour des colleges particuliers. Pour ce qui est de la Pologne, elles furent rares et touchčrent peu la philosophie. Rčgles et instructions reposaient sur les Constitutions de la Compagnie de Jésus, élaborées par saint Ignace de Loyola qui y introduisit les éléments principaux de la pédagogie des jésuites. Il était lui meme fortement influencé par la maničre de Paris (modus Parisiensis) que ses premiers compagnons et lui meme suivirent a Paris pendant leurs études.
Les données sur l'enseignement de la philosophie se trouvent dans les documents suivants:
1) Constitutions de la Compagnie de Jésus dont l'auteur est le fondateur de l'Ordre, Ignace de Loyola (1556);
2) De artium liberalium studiis ou Ratio studiorum, élaboré de 1565 ŕ 1570 sous le généralat de François de Borgia (Borja);
3) Projet de la Ratio studiorum élaboré sous le généralat de Claude Aquaviva et imprimé en 1586; la Province de Pologne y contribua pour une certaine part;
4) Ratio studiorum imprimé et mis ŕ l'essai en 1591;
5) Version définitive de la Ratio atque institutio studiorum Societatis Iesu, édité en 1599 par Aquaviva. Cette Ratio fut pour l'essentiel en vigueur jusqu'ŕ la suppression des jésuites en 1773 et meme aussi apres cette période pour ce qui subsista de l'Ordre en Prusse et en Russie Blanche. Ce n'est qu'en 1832 qu'elle fut remplacée par la nouvelle Ratio du général Jean Roothaan.
De l'étude de l'application des diverses directives dans la Province polonaise de la Compagnie il ressort que les ordonnances successives pour toute la Compagnie y furent dans l'ensemble assez bien respectées. Les doutes et les difficultés de l'insertion des directives dans la réalité donnaient l'occasion d'apporter les éclaircissements et les instructions particulieres d'Aquaviva.
En appendice a la premiere partie du livre, on a mis le texte original (en latin) de l'Ordonnance sur l'enseignement de la philosophie, éditée sous François de Borgia en 1565.
Sur une période courte, soit une cinquantaine d'années, puisqu'elle va de 1550 a 1599, on vit apparaître jusqu'a cinq ordonnances universelles d'études, c'est-a-dire destinées a toutes les écoles dirigées par les jésuites dans le monde. On voit ici quel poids on donnait a l'enseignement. L'édition et l'impression de deux projets de Ratio différents, en 1586 et 1591, prouve que les autorités de la Compagnie de Jésus et spécialement le général Aquaviva estimaient hautement la collaboration avec les jésuites directement engagés dans le travail d'enseignement dans les divers pays.
L'étude des étapes successives de la naissance de la Ratio studiorum atteste que la premiere période avait tendance a multiplier les regles et a entrer dans les détails; par la suite, sous les réactions des diverses provinces, elle se changea en tendence a limiter les regles et a leur donner une forme assez générale, et dans certains cas a leur reconnaître un caractere facultatif. Les diverses versions de la Ratio different sensiblement entre elles, mais ces différences ne visent que des problemes secondaires. Les questions essentielles demeurent inchangées dans toutes les versions: durée des études (cours fondamental de trois ans), le choix des matieres: (dialectique, logique, physique, c'est-a-dire philosophie de la nature, métaphysique, éthique, mathématiques), la doctrine suivie (retour a Aristote), l'insistance sur l'importance des répétitions et des disputes publiques. Dans la philosophie, il faut suivre Aristote telle est la marque caractéristique de toutes les instructions relatives a la doctrine a enseigner. Si l'on acceptait ainsi l'aristotélisme, ce n'est pas seulement parce qu'il prédominait dans la tradition scolaire et parce que l'Eglise lui pretait son appui, mais aussi parce qu'il offrait un tout solide et une bonne base cognitive, utile dans les controverses confessionnelles de l'époque.
Le retour a Aristote contribua a une prise de conscience plus nette de la différence entre la philosophie et la théologie et les méthodes propres a chacune d'elles, d'ou l'on reconnut une plus grande autonomie a la philosophie, bien qu'elle fűt orientée vers la théologie.
Que la philosophie de la Compagnie de Jésus fűt étroitement liée au Stagirite ne voulait pas dire qu'elle était esclave de toutes ses conceptions. La législation des jésuites de cette période conseille en effet a plusieurs reprises de s'intéresser a de nouveaux courants et de nouvelles idées pourvu qu'elles soient solidement fondées. Cette liberté relative favorisait du reste la renaissance de la philosophie, dite seconde scolastique; les jésuites y jouerent un rôle important.
L'enseignement de la philosophie dans les colleges des jésuites en Pologne et en Lituanie comme nous le verrons dans la deuxieme partie en général appliquait et mettait en pratique les diverses directives des versions successives de la Ratio studiorum.

On examine ici la philosophie enseignée dans les quatre colleges des jésuites existants alors, c'est a dire: a Braniewo (Braunsberg) en Warmie, a Vilna (Wilno, auj. Vilnius en Lituanie), a Poznań et a Kalisz. Dans chaque college, cet examen est centré sur les professeurs qui l'enseignaient alors. Leurs biographies ont pu etre établies avant tout grâce aux sources manuscrites, conservées aux Archives Centrales de la Compagnie de Jésus a Rome. En ce qui concerne leurs écrits (avec les titres originaux complets), puisqu'ils étaient rédigés tous en latin, se rapporter au texte polonais respectif de ce livre dans la section Spuścizna filozoficzna [L'héritage philosophique].
Avis important: Quant a la doctrine philosophique pour ne pas le répéter chaque fois, quand je présente les conceptions philosophiques des auteurs au cours de ce résumé j'affirme ici une fois pour toutes que la philosophie des auteurs qui font l'objet de cette étude est en principe la philosophie d'Aristote, modifiée par ses commentateurs postérieurs, surtout par saint Thomas d'Aquin. Je signale les modifications (divergences d'Aristote et de Thomas d'Aquin) les plus significatives chez chaque auteur.
L'ordre des jésuites a été introduit en Pologne en 1564. De par la nature des choses, les premiers enseignants et professeurs dans les colleges des jésuites en Pologne (et en Lituanie) sont des étrangers: Espagnols, Italiens, Allemands, Anglais, Croates, Ecossais, Belges etc.

Le premier groupe des jésuites arriva en Pologne en 1564 et l'année suivante ils ouvrirent a Braniewo (Braunsberg) en Warmie un collčge comprenant 5 classes d'enseignement secondaire. En 1566, ils commencerent a enseigner la dialectique dans la classe de rhétorique. L'inauguration des cours complets de philosophie, comprenant 3 ans d'études suivit en 1592. Le premier professeur de philosophie dans les années 1592-1595 fut un Anglais Richard Singleton. Ses successeurs jusqu'a la fin du siecle furent: Jean Gerardinus et Stanislas Radzimski.

RICHARD SINGLETON, 1592-1595
Singleton naquit en 1566 en Lancashire en Angleterre et il entra dans la Compagnie de Jésus a Rome en 1584. Apres ses études de philosophie au College des Jésuites a Naples (1584-1587) et de théologie au College Romain (1587-1591), il fut envoyé en Pologne. En 1591, il acquit a l'Académie de Vilna la maîtrise en philosophie et de 1592 a 1595 il enseigna la philosophie a Braniewo. Ensuite, il enseigna la théologie morale a Pułtusk (1595-1597) et la théologie dogmatique a Poznań (1598-1600). En 1600, il obtint le doctorat en théologie a l'Académie de Vilna et il y enseigna jusqu'a sa mort prématurée en 1602.
Deux amples recueils manuscrits, datant de la période de son enseignement a Braniewo, sont conservés a la Biblotheque Jagellone de Cracovie (ms. 2661 et 1988). Ils comprennent les cours dictés sur la philosophie de la nature (y compris la psychologie) et la métaphysique.
La philosophie qu'il a professée s'appuie sur les principales conceptions d'Aristote, modifiées parfois par Thomas d'Aquin (le monde fut créé par Dieu dans le temps, donc il n'existe pas ab aeterno, l'âme humaine doit son existence ŕ l'action créatrice immédiate de Dieu, l'existence des intelligences anges). Cependant dans certaines questions, il présente des vues suáreziennes, probablement sous l'infuence des Espagnols, professeurs au College Romain ou il acquit une partie de sa formation intellectuelle, par exemple que les etres concrets (singuliers) constituent le premier objet de la connaissance intellectuelle, l'essence et l'existence ne different pas réellement, la matiere prime (materia prima) n'est pas une puissance pure, mais elle possede sa propre essence et existence ainsi que sa propre quantité qui ne provient pas de la forme,

JEAN GERARDINUS, 1595-1598
Le Belge Gerardinus, né en 1563 a Ličge, entra dans la Compagnie de Jésus en 1583 a Rome. En 1585, il arriva en Pologne en compagnie d'un jésuite italien, Fabrice Pallavivini sous la direction duquel il fit deux années de philosophie au College des Jésuites a Poznań. De 1589 ŕ 1593, il suivit des cours de théologie a l'Académie de Vilna. En 1593/94, il se préparait a enseigner la philosophie a Braniewo, il en donna les cours pendant trois ans (1595-1598), en succédant a Singleton. Les cours étaient frequentés par de jeunes jésuites 10 en premiere et en deuxieme année, 7 ou 8 en troisieme des séminaristes du Séminaire Pontifical, du Séminaire Diocésain de Warmie, les éleves du College des Nobles et des externes. Ensuite, Gerardinus enseigna l'Écriture Sainte e l'Académie de Vilna, la théologie polémique (controversiae) et la théologie morale (casus) a Poznań. Au tournant des XVI^e et XVII^e siecles, l'Académie de Vilna lui décerna la licence es arts et en philosophie. Il mourut en 1606 a Pułtusk.
Gerardinus est probablement l'auteur d'un recueil imprimé de theses de la philosophie de la nature: Assertiones meteorologicae (Braniewo 1598). Il est probablement aussi l'auteur d'un cours manuscrit qui contient les commentaires sur De physico auditu, De coelo, De generatione et corruptione (Linköping en Suede, Stifts och landsbiblioteket, ms. Kl. f. 5, 800 pages).

STANISŁAW RADZIMSKI, 1598-1601
Stanislas Radzimski, né a Zacharzewo pres de Kalisz, entra en 1583 dans la Compagnie de Jésus et fit ses études philosophiques sous Diego Ortiz (voir plus loin) au College des Jésuites a Poznań (1591-1593) et celles de théologie a l'Académie de Vilna (1594 1598). Ensuite, il enseigna la philosophie ŕ Braniewo (1598-1601) et au College des Jésuites a Kalisz (1602 1604). Puis, il fut recteur des colleges des jésuites a Lwów, Kamieniec, Kalisz et Lublin ou il mourut en 1622.Un ample manuscrit de ses cours de logique (Braniewo 1598/99), conservé a la Bibliothaque Cathédrale de Gniezno (ms. 1049, 600 pages), et un recueil imprimé de 100 theses sous le titre Assertiones ex universa philosophia (Braniewo 1601) proviennent de la période de son enseignement a Braniewo. Les Assertiones ont pour objet les disciplines suivantes: la logique, la métaphysique, le traité de Dieu et des intelligences [anges], la philosophie de la nature (la physique), la psychologie et l'éthique.
Dans sa philosophie, Radzimski admet la création du monde par Dieu dans le temps et la transformation future de ce monde la fin du monde. Les influences des opinions suáreziennes par l'intermédiaire de Diego Ortiz y sont aussi visibles : l'essence et l'existence ne different pas réellement, un mode (modus) est le principe d'individuation des etres, la nature individuelle devient un suppôt (suppositum) grâce a un mode etc.
Radzimski admet une définition actualiste de l'etre (ens est idem ac actu existens) et déja au début du XVII^e siecle traite longuement les questions de la philosophie de la nature.

En 1569, une année avant l'ouverture formelle du College a Vilna en Lituanie, les jésuites y ont organisé deux premieres classes de l'école secondaire d'autrefois, c'est-a-dire les classes d'infima et de grammaire et ont commencé a y enseigner. L'année suivante, ils ont inauguré la syntaxe et la poétique et un peu plus tard la rhétorique. Le collčge a été inauguré solennellement par les jésuites du 15 au 18 octobre 1570. Lors de l'inauguration, il y eut, entre autres, une dispute scolastique de philosophie et une de théologie dont les theses défendait Jean Hay. Des le début du College, Hay y enseignait la dialectique dans la classe de rhétorique. L'inauguration des cours complets de philosophie a eu lieu l'annéee suivante (1572). Ce furent les premiers cours publics de philosophie en Lituanie. Le premier professeur de philosophie fut un Croate Zdelarić.

TOMA ZDELARIĆ, 1571-1572
Thomas Zdelarić, né environ en 1531 a Lupoglav en Croatie, entra dans la Compagnie de Jésus en 1554 a Vienne ou il fit aussi ses études philosophiques et obtint la maîtrise en philosophie en 1565. De 1565 a 1568, il y enseigna la philosophie et ensuite, il y étudia la théologie. En été 1570, il arriva a Vilna ou il fut préfet des études et enseigna la rhétorique. L'année suivante, il commença a enseigner la philosophie lors des cours mentionnés plus haut.
Douze scolastiques jésuites, un pretre et des étudiants laiques fréquentaient ses cours. Début octobre 1571, Zdelarić a commencé a enseigner la dialectique, mais déjs a la fin de ce mois, son activité a été interrompue par une épidémie qui a dispersé les étudiants. Les cours ont été repris le 25 février 1572, mais cette fois aussi il n'enseigna qu'un peu plus d'un mois. Il mourut le 8 mars 1572 a la suite d'une épidémie.
Apres sa mort, un Polonais Wojciech Tobolski et ensuite un Néerlandais Jean Wierus continuaient provisoirement les cours. Une certaine stabilité dans le domaine de l'enseignement a pu etre obtenue seulement a partir de l'année suivante quand on a organisé les études completes de philosophie (1572) et quand Hay a commencé a donner les cours.

JOHN HAY, 1572-1575
Jean Hay, né en 1546 a Dalgety, Fifeshire, en Ecosse, étudia a Louvain, entra dans la Compagnie de Jésus en 1566 a Rome et étudia la philosophie et la théologie au College Romain. Il est venu en Pologne en 1570 et, dans les années 1572-1575, il enseigna la philosophie au College de Vilna ou il était alors le seul professeur de philosophie. En 1573, il avait 27 étudiants dont 12 jeunes jésuites. Malgré ses maints succes dans le travail didactique, il a dű quitter Vilna a cause de sa santé précaire et a cause des divergences d'opinions et des controverses avec Pierre Viana qui a partir de 1574 y enseignait la théologie et qui était un thomiste orthodoxe, pendant que Hay s'inclinait vers le scotisme.
En 1575, Hay quitta Vilna et se rendit en France ou il recouvra la santé, compléta ses études théologiques et reçut la pretrise. Il se rendit célebre par des disputes avec les calvinistes écossais et français. En France, il enseigna la philosophie, les mathématiques et la théologie a Pont-a-Mousson, Bordeaux, Paris, Tournon et Lyon. Il a publié quelques ouvrages, avant tout de théologie polémique (controversiae). Il a aussi travaillé comme traducteur et éditeur. Il fut également le recteur du Collčge des Jésuites a Pont-a-Mousson ou il mourut en 1608.
Deux recueils d'Assertiones de Hay, imprimés a Cracovie en 1573 et 1574, provenaient de la période de son enseignement a Vilna, cependant seulement le second nous est connu maintenent (nous le reproduisons dans l'annexe 3). Des commentaires In varia opera Aristotelis (Bibliotheque Municipale a Salins dans le Jura, ms. 22 27, P. 20; cfr. Lohr, p. 184), étant écrits en France de 1578 ŕ 1582, nous intéressent moins ici.
Selon Hay, la matiere prime possede déja sa propre existence et differe réellement de la quantité grâce a laquelle la matiere est divisible. Les causes accidentelles sont: le cas, la fortune et le fatum. L'âme rationnelle, aussi selon Aristote, est immortelle. Aristote admettait l'existence d'un seul Dieu comme acte pur et cause de toutes choses. Dans ces Assertiones, des éléments scotistes sont a peine visibles. Les cours eux memes de Hay, faits de vive voix, ont dű en avoir davantage.
Viana fut successeur de Hay a la chaire de philosophie a Vilna.

PEDRO VIANA, 1575-1578
L'Espagnol Pierre Viana, né en 1549 ŕ Logro~no, dans le diocese de Calahorra, étudia la philosophie a Alcalá ou il acquit le baccalauréat es arts libéraux. En 1569, il entra dans la Compagnie de Jésus et ensuite il étudia un certain temps la théologie. Arrivé en Pologne en 1573, il enseigna en 1574/75 la théologie morale (casus) et la théologie polémique (controversiae) au Collčge des Jésuites ŕ Vilna. Dans les années 1575-1578, il enseigna, de façon remarquable, la philosophie au m^eme Collčge. M^elé dans des affaires politiques de M. K. Radziwiłł, il dut quitter Vilna et fut professeur de théologie morale ŕ Naples, Bologne et Parme oů il mourut en 1609.
Onze recueils d'Assertiones (dont un manuscrit) et l'Interpretatio, un ample manuscrit de ses cours de philosopohie de la nature et de métaphysique, conservé a la Bibliotheque Cathédrale de Gniezno (ms. 1047, 700 pages), proviennent de la période de son enseignement de philosophie a Vilna.
Grâce a ces sources, on a pu présenter les points essentiels de sa philosophie. Aristote et Thomas d'Aquin y sont ses principaux maîtres. Viana rejette par exemple les limitations de la liberté divine et l'éternité du monde. L'influence du présuarezianisme (dont nous parlerons plus loin) est peu visible chez lui.

LEONARD KRAKER, 1578-1586
Léonard Kraker, né en 1549 ou 1550 a Poznań, entra dans la Compagnie de Jésus en 1569 a Rome. Il étudia la philosophie au College Romain (1570-1573). Dans les années 1578-1579, le College des Jésuites de Vilna a été transoformé en Académie et Kraker fut le premier professeur de philosophie (1578-1586). Plus tard, il y enseigna la théologie (1591-1594) et acquit le doctorat en théologie (1594). De 1596 a 1600, il fut recteur de cette Académie. Kraker mourut en 1605 a Jarosław.
Kraker est l'auteur de 7 recueils d'Assertiones (dont un manuscrit) datant de la période de son enseignement de philosophie a Vilna.
Dans certains cas, Kraker présente parfois des vues divergentes de la tradition aristotélicienne et thomiste, probablement sous l'influence des Espognols, professeurs au College Romain ou il fit ses études. Selon lui, l'essence et l'existence ne different pas réellement, la matiere prime n'est pas une puissance pure, mais un etre actu avec sa propre existence et sa propre quantité, le corps des animaux se compose des parties contiguëes.

MARCIN ŚMIGLECKI, 1586-1591
Martin Śmiglecki (Smiglecius) naquit en 1563 a Lwów. En 1580, il fut envoyé a Rome par Jean Zamoyski, et l'année suivante il entra dans la Compagnie de Jésus. Il étudia la philosophie (1582-1584) et la théologie (1584-1586) au College Romain, entre autres sous François Suárez et Robert Bellarmin. Il fut renvoyé en Pologne en 1586 pour enseigner la philosophie a l'Académie de Vilna (1586-1590). Cette meme année, il fut nommé membre de la Commission polonaise pour l'évaluation du projet de la Ratio studiorum, surtout en ce qui concernait les questions philosophiques (octobre 1586 janvier 1587). Les cours de Śmiglecki a l'Académie comprenaient en premiere année des commentaires sur Isagogue de Porphyre et sur l'Organon d'Aristote, en deuxieme sur la Physique du Stagirite et sur ses écrits concernant la philosophie de la nature ainsi que les cours de mathématiques, et en troisieme année des commentaires sur la Métaphysique et l'Ethique. En 1587 ou 1588, Śmiglecki fut ordonné pretre, en 1591 il acquit a l'Académie de Vilna le grade de maître es arts et philosophie et en 1594 le doctorat en théologie.
De 1591 a 1600, Śmiglecki enseigna la théologie a l'Académie de Vilna et a la fin du XVI^e siecle, il fut le chancelier de cette Académie, puis il fut recteur des colleges des jésuites a Pułtusk (1600-602) a Poznań (1602-1607) et a Kalisz (1607-1609) et préposé de la Maison des Profčs a Cracovie (1609-1611). Sa tâche comme recteur dans ces colleges fut, entre autres, d'y introduire la nouvelle Ratio studiorum. Śmiglecki passa les dernieres années de sa vie a Kalisz ou il mourut en 1618.
Śmiglecki est l'auteur d'un cours manuscrit important de logique, conservé aux Archives de l'Archidiocese de Poznań (ms. 147): Commentaria in Organum Aristotelis (Vilna 1586/87, 600 pages). Ce cours a été publié par L. Nowak: Martinus Smiglecius, Commentaria in Organum Aristotelis, vol. 1 2, Varsovie 1987. Le cours provient de la période ou Śmiglecki enseignait a l'Académie. Il se divise en cinq parties: In Isagogen Porphyrii explanatio, In Praedicamenta Aristotelis, Peri hermeneias, Analytica priora, Analytica posteriora.
En outre, Śmiglecki a écrit un traité économique et éthique O lichwie i trzech przedniejszych kontraktach: wyderkowym, czynszowym i towarzystwa kupieckiego nauka krótka [Breve doctrine de l'usure et de trois principaux contrats: le contrat dit en allemand Wiederkauf, le contrat de cens et le contrat de la société marchande Contractus Societatis], Vilna et Cracovie 1596 (plusieurs éditions postérieures)
Śmiglecki, en tant que philosophe, fut célebre en Europe par son oeuvre monumentale Logica (Ingolstadt 1618, 1600 pages), réimprimée plus tard trois fois a Oxford (1634, 1638, 1658).

Seuls les écrits de Śmiglecki provenant du XVI^e siecle nous intéressent ici et avant tout le cours manuscrit de logique. Bien qu'Aristote y soit son principal maître, on trouve dans la doctrine proposée par Śmiglecki des influences postérieures, surtout celles de Thomas d'Aquin, de Duns Scot, de François Tolet (de Tolede, Toletus) et de Gabriel Vásquez et en particulier de Suárez qui fut son professeur pendant ses études de théologie au College Romain. Śmiglecki admet par exemple la haecceitas en tant que principe d'individuation des etres et les modes (modi) de l'etre (comme haecceitas, existentia etc.).
Le cours manuscrit présente les conceptions philosophiques du jeune Śmiglecki . Enrichies, műries, élaborées et parfois modifiées, ces conceptions ont été de nouveau reprises et présentées a un plus large public dans leur forme définitive trente ans plus tard sous le titre Logica. Le cours manuscrit constitue donc une premiere esquisse de la future Logique.

MIGUEL ORTIZ, 1591-1594
Michel Ortiz, né en 1560 a Vitoria en Castille (Espagne), entra dans la Compagnie de Jésus en 1577, étudia la philosophie (1581-1583) et la théologie (1584-1587) a Salamanque. En 1587 il fut envoyé en mission en Transylvanie (Hongrie, auj. en Roumanie) et y travailla deux ans. Apres l'expulsion des jésuites de Transylvanie, il vint en Pologne. Il obtint en 1591 le grade de maîtrise en philosophie a l'Académie de Vilna et enseigna cette discipline, comme successeur de Śmiglecki (1591-1594). En 1594, il y obtint le doctorat en théologie et enseigna la théologie dogmatique (1594-1599). Plus tard, il fut recteur du Collčge des Jésuites a Kalisz (1601-1605), recteur et chancelier de l'Académie de Vilna, recteur du College a Nieśwież (1616-1620), provincial de Lituanie (1622-1626), de nouveau recteur a Nieśwież (1627-1630). Il y mourut en 1638.Je n'ai pas réussi ŕ trouver d'écrits de Michel Ortiz pouvant témoigner de sa doctrine philosophique.

HIERONIM STEFANOWSKI, 1598-1599
Ces deux professeurs furent apres Michel Ortiz les successeurs de Śmiglecki a la chaire de philosophie de l'Académie de Vilna. Leurs biographies, leurs écrits et une caractéristique de leur philosophie seront présentés dans le contexte du College de Poznań ou ils furent professeurs de philosophie avant leur séjour a Vilna.

ANDRZEJ NOWAK, 1599-1603
André Nowak, né en 1570 a Vilna, entra dans la Compagnie de Jésus en 1585. Il fit ses études de philosophie a Poznań (1577 1580) et de théologie ŕ l'Académie de Vilna (1594-1598). De 1599 a 1603, il y enseigna la philosophie et obtint la maîtrise en philosophie. De son enseignement de philosophie proviennent: un recueil imprimé de thčses Theoremata philosophica ex omnibus philosophiae partibus (Vilna 1602) et un cours manuscrit de psychologie, de métaphysique et un commentaire sur Parva naturalia (1601/2). Ce cours est conservé ŕ la Bibliotheque Nationale de Varsovie (ms. Akc. 2030, 500 pages). Plus tard, Nowak fut supérieur de la Maison des Profes de Varsovie (1608-1611), recteur du College de Pułtusk (1611-1615), théologien de l'éveque de Vilna Eustache Wołłowicz (1616-1626) avec qui il séjourna en Italie (1620-1621). En 1627, il fut nommé supérieur de la Maison des Profes a Vilna ou il mourut en 1629.
Sa philosophie se divise en logique, philosophie de la nature ou physique (y compris la psychologie), mathématiques, métaphysique, philosophie morale et civique. Outre Aristote et Thomas d'Aquin, il se rapporte par exemple a François Tolet, Pierre da Fonseca et aux Cominbricenses. Il affirme, entre autres, que l'essence et l'existence ne different pas réellement et il admet l'existence des modes (modus, modi) de l'etre.

L'ouverture du College des Jésuites a Poznań avec les classes de grammaire, syntaxe et poétique eut lieu en 1573. Un Anglais Richard Bosgrave y enseignait les rudiments des mathématiques. La classe de rhétorique avec la dialectique a été introduite l'année suivante. Des le début, il y eut probablement aussi des notions générales de philosophie qu'enseignait un Espagnol Pierre Artieda. Le cours abrégé de philosophie selon Titelmans ou Cornelius d'Utrecht (Ultraiectinus) suivit en 1575. Jean Wuchaliusz (1575-1580) et Adrien Junga (1580-1582) furent les plus connus parmi les enseignants de philosophie ŕ Poznań en cette premičre période. Ce dernier est, entre autres, l'auteur d'un cours intéressant d'éthique provenant de cet enseignement Ethica sive de moribus, Poznań 1580 (Bibliothčque Jagellonne, ms. 3264, 170 pages). La Faculté de philosophie avec les cours complets de trois ans fut inaugurée au début de 1585 et le premier professeur y fut un Italien Fabrice Pallavicini.

FABIZIO PALLAVICINI, 1585-1587
Fabrice Pallavicini, né en 1555 a Rome, entra dans la Compagnie de Jésus en 1571 et étudia trois ans la philosophie et quatre ans la théologie au College Romain. En 1581, il fut ordonné pretre. Il vint en Pologne en 1585 et enseigna la philosophie au College des Jésuites a Poznań (1585-1587). Plus tard, il fut recteur du College des Jésuites a Avignon. En 1596, il retourna en Italie et mourut en 1600 a Genes. Je n'ai pas réussi a trouver d'écrits de Pallavicini. Klein fut son successeur a Poznań.

JOHANNES KLEIN, 1587-1590
Jean Klein naquit en 1556 a Olsztyn (Allenstein). Il étudia trois ans la philosophie a l'Académie de Vilna et la théologie au College Romain (1580-1583). Il entra dans la Compagnie de Jésus en 1583 a Rome. Dans les années 1584 1585, il compléta ses études théologiques au College Romain ou il fréquentait les cours de Suárez (théologie dogmatique) et Bellarmin (théologie polémique controversiae). Ensuite, il fut répétiteur de philosophie et de théologie au College Anglais a Rome ou il fut ordonné pretre en 1586. De retour en Pologne la meme année, il enseigna la philosophie au College des Jésuites a Poznań (1587-1590). Il quitta la Pologne en 1590 pour Olomouc en Moravie oů il obtint la maîtrise es arts et philosophie au College des Jésuites et enseigna la philosophie (1590-1592). Ensuite, Klein enseigna la théologie au College des Jésuites a Vienne (1592-1595) et a l'Académie de Gratz (1595-1600) ou il obtint le doctorat en théologie. En 1600/1601, il fut professeur de théologie dogmatique et morale a Vienne ou il mourut prématurement en 1601 a la suite d'une épidémie.
Un ample manuscrit de ses cours de Poznań comprend des commentaires sur les traités suivants d'Aristote: De generatione et corruptione, De coelo, Meteorologia, Metaphysica. A la fin du manuscrit, il y a des theses Universa philosophia per theses expressa, en trois versions (Poznań, Archives Archidiocésainnes, ms. 532, 800 pages). Les theses permettent de reconstruire les points essentiels de toutes les disciplines de la philosophie d'alors (y compris la philosophie morale et les mathématiques).
Quant aux conceptions de Klein, elles sont particuličrement riches en divergences sur la tradition. Il faut signaler les suivantes:
Dans la logique, les etres singuliers sont l'objet premier et immédiat de la connaissance humaine et les etres universels en sont l'objet secondaire. Il y a non pas cinq, mais sept prédicables (praedicabilia). Outre les cinq prédicables traditionnels (le genre, l'espčce, la différence, le propre et l'accident), il admet de plus la transcendence (ut transcendens est) et le mode intérieur (modus intrinsecus). Cette opinion est unique parmi les philosophes jésuites en Pologne au XVI^e siecle.
Klein admet aussi les modes de l'etre (modi). Dans sa philosophie de la nature, il affirme par exemple que l'occupation d'un lieu (locus) est un mode et que dans la substance matérielle on doit distinguer une matiere, une forme et un mode d'union (modus unionis). Dans la métaphysique, le mode est: l'existence par rapport a l'essence, la subsistance par rapport a la substance, l'inhérence dans la substance par rapport aux accidents, l'individuation par rapport a la substance et aux accidents. D'autre part, la nature de l'action et de la passion est expliquée par des modes extérieurs. Enfin, les modes constituent le fondement de distinction de l'etre fini et infini, contingent et nécessaire, universel et singulier etc.
L'opinion de Klein sur la distinction entre l'essence et l'existence n'est pas tout a fait claire. Il semble plutôt rejeter la distinction réelle. La matiere prime n'est pas une puissance pure, mais une substance inchoative, imparfaite (substantia inchoata et imperfecta) qui possčde un acte entitafif (actus entitativus), une forme et une quantité indéterminées et certaines qualités. Le suppôt (suppositum) est constitué par une nature complčte et singuliere ainsi que par une substance incommunicable qui est comme un terme de la perfection substantielle et dans le cas de la nature rationnelle la personne. Klein admet souvent la distinction formelle, par exemple entre la matiere, la forme et le tout qu'elles constituent (compositum), entre l'âme et ses facultés et entre les facultés elles memes.
Klein s'est beaucoup intéressé a l'anthropologie ou il y a plusieurs belles pensées. L'homme est une merveille de la nature contenant de certaine maniere toutes les autres merveilles de la nature c'est pourquoi on l'appelle le microcosme . L'embryon humain est animé (reçoit l'âme) non pas au moment de la conception, mais 30-32 (masculin) ou 36- 42 (féminin) jours apres.
Dans la philosophie morale qui est en grande partie une arétologie (traité des vertus), il souligne la nécessité des drois égaux pour tous les citoyens, y compris les paysans.
Klein pense que la Terre est immobile et occupe le centre de l'Univers.

DIEGO ORTIZ, 1591-1594
Jacques Ortiz, né en 1564 a Cabra en Andalousie (Espagne), entra dans la Compagnie de Jésus en 1583, apres avoir fait trois ans d'études de philosophie a Cordoue. Apres son noviciat a Cordoue, il fit ses études de théologie et en 1587 il fut envoyé en mission en Transylvanie (Hongrie, auj. en Roumanie) et enseigna la syntaxe a Alba Julia. Apres l'expulsion des jésuites de Transylvanie, il vint en Pologne et enseigna la philosophie au College des Jésuites a Poznań (1591 1594), puis a l'Académie de Vilna (1594 1597) et la théologie dogmatique a Poznań (1698-1601) et a l'Académie de Vilna (1601-1610). Puis, il enseigna la théologie morale et la théologie polémique (controversiae) a Pułtusk (1610-1613) et la théologie dogmatique a l'Académie de Vilna (1613-1619). Il obtint a cette meme Académie la maîtrise en philosophie et le doctorat en théologie. Il fut, pendant plusieurs annnées, chancelier de l'Académie. Il mourut a Nieśwież en 1625.
Ortiz est l'auteur de six ouvrages: 1) Assertiones ex universa philosophia (Poznań 1591); 2) Cours manuscrit de logique (Poznań 1591/92), conservé a la Bibliotheque Jagellonne de Cracovie (ms. 2654 II, 600 pages); 3) In libros Aristotelis De coelo et mundo commentarii. In libros Aristotelis meteorologicos. Assertiones ex universa philosophia (deux recueils), Poznań 1592 1594, manuscrit conservé a la Bibliotheque du Séminaire Diocésain de Kielce (ms.1, plus de 600 pages); 4) Cours manuscrit de logique (Académie de Vilna 1596), conservé ibid. (ms. 2080, plus de 600 pages); 5) Cours manuscrit de psychologie et de méthaphysique (Académie de Vilna 1596 1597), conservé ŕ la Bibliothčque Centrale de l'Université de Poznań (ms. 606 I, plus de 200 pages); 6) Assertiones ex universa logica (Vilna 1597).
Contrairement ŕ la tradition aristotélicienne et thomiste, Ortiz affirme que l'existence n'est pas une entité différente de l'essence, mais qu'entre elles il y a une différence ex natura rei. Il admet les modes de l'etre (modi). A noter sa conception actualiste de l'etre (ens est id quod habet esse). Il se sert plusieurs fois de la distinction formelle (distintio formalis) dont le sens n'est pas toujours tout ŕ fait clair. Des ouvrages de François Tolet y sont souvent cités. Ortiz soutient encore la thčse selon laquelle la Terre est immobile et occupe le centre de l'Univers.

HIERONIM STEFANOWSKI, 1594-1597
Jérôme Stefanowski, né en 1568 aux environs de Sandomierz, entra dans la Compagnie de Jésus a Rome en 1587. Il fit ses études de philosophie et de théologie au College Romain ou il obtint la maîtrise en philosophie en 1594. Il revint en Pologne la meme année et enseigna la philosophie au College des Jésuites a Poznań (1594-1597).
De la période de cet enseignement proviennent: un recueil imprimé de theses de logique Assertiones ex logica (1596), un manuscrit de cours de logique et de philosophie de la nature (conservé a la Bibliotheque Paroissiale de Wojnicz, ms. 48, 1594 1596, plus de 1250 pages), un manuscrit de cours de métaphysique ainsi que les Assertiones ex universa philosophia (1597, Poznań, Archives Archidiocésaines, ms. 108, 800 pages).
En 1598/99, Stefanowski reprit a l'Académie de Vilna les cours de psychologie (De anima) et de métaphysique dont les textes manuscrits ont été conservés jusqu'a nos jours (Poznań, Bibliotheque Centrale de l'Université, ms. 606 I, 360 pages). Ensuite, il enseigna la théologie a la meme Académie et, a partir de 1600, au College des Jésuites a Poznań. Il mourut en 1606 a Vilna.
Stefanowski admet la définition actualiste de l'etre (quod actu existit). Il soutient, entre autres, les theses que la matiere prime possede une existence propre et aussi une certaine quantité, que l'essence et l'existence ne diffčrent pas réellement (solum ratione differunt). Il exprimait des doutes quant ŕ l'existence des modes de l'etre (modi entis). Pendant ses cours a Poznań, il traitait aussi des questions d'éthique (moralis philosophia).

MATEUSZ BEMBUS, 1598-1602
Mathieu Bembus, né en 1567 a Poznań, entra dans la Compagnie de Jésus en 1587, apres avoir suivi des cours de philosophie au College des Jésuites dans sa ville natale. Apres son noviciat a Cracovie, il fit des études de théologie a l'Académie de Vilna (1592-1596). Il enseigna la philosophie a Poznań (1598-1602) et la théologie a l'Académie de Vilna (1602-1605) ou il obtintl a maîtrise en philosophie et le doctorat en théologie. Plus tard, il enseigna la théologie a Poznań (1605-1610) et fut le prédicateur a la cour de Sigismond III, roi de Pologne (1611-1618). Bembus mourut a Cracovie en 1645.
Bembus est l'auteur de 7 ouvrages de philosophie, c'est-a-dire: 1) Cours manuscrit de logique, Poznań 1598/99 (Varsovie, Bibliotheque Nationale, ms. I 6963, 450 pages); 2) Assertiones ex universa philosophia (Poznań 1599); 3) Cours manuscrit sur De coelo et mundo et De generatione et corruptione, Poznań 1600 (Poznań, Archives Archidiocésaines, ms. 163, 560 pages); 4) Cours manuscrit de logique, Poznań 1601/2 (Gniezno, Bibliotheque du Séminaire Diocésain, ms. 1051, plus de 500 pages); 5) une autre version du meme cours (Poznań, Archives Archidiocésaines, ms. 717, 470 pages); 6) Assertiones logicae ex praedicamentis, Poznań 1602; 7) Assertiones ex universa logica, Poznań 1602.
Bembus suit Aristote modifié par Thomas d'Aquin, mais on y trouve aussi des influences postérieures: Zabarella, Tolet, Fonseca, Molina, Conimbricenses. Bembus affirme par exemple que les etres de raison (entia rationis) ne constituent pas l'objet de la logique, le sujet réel et le terme réel existant actu sont essentiels ŕ la relation, la relation elle meme diffčre réellement de son terme, mais elle ne differe pas réellement de son fondement.

Le College des Jésuites a Kalisz fut ouvert en 1584. Les débuts de l'enseignement de la philosophie y commencerent en 1590 (la dialectique). L'inauguration des études completes de philosophie (trois ans d'études) eut lieu en 1597. Wojciech Rościszewski y fut le premier professeur de philosophie (1597-1600) et Jean Wielewicki le second (1599-1602).

WOJCIECH ROŚCISZEWSKI, 1597-1600
Rościszewski, né en 1560 a Borkowo pres de Płock, étudia au College des Jésuites a Poznań, a l'Académie de Cracovie et a l'Académie de Vilna (cours complet de philosophie). En 1586, il entra dans la Compagnie de Jésus. De 1591 a 1595, il étudia la théologie a l'Académie de Vilna. Il enseigna la philosophie au College des Jésuites a Kalisz (1597-1600) ou, a la fin du siecle, il obtint la maîtrise en philosophie. Plus tard, il enseigna la théologie au College des Jésuites a Poznań (1601-1604) et fut prédicateur a Lublin et Cracovie. Il mourut en 1619 a Sandomierz.
Un cours manuscrit, nommé Cursus Calissiensis, comprenant les commentaires: In quatuor Aristotelis libros De coelo et In duos libros Aristotelis De generatione et corruptione (Poznań, Archives Archidiocésaines, ms. 751, 800 pages) provient de l'enseignement de cette période. Cependant, l'auteur n'est pas connu avec certitude: Rościszewski ou Wielewicki, ou un autre?

L'histoire de l'enseignement de la philosophie dans les colleges des jésuites en Pologne et en Lituanie au XVI^e siecle couvre une période d'environ 40 ans, de 1566 a 1602. Les Assertiones philosophicae (Vilna 1574) de Hay y constituent le plus ancien témoignage imprimé connu jusqu'a maintenent de l'activité philosophique des jésuites. 31 ouvrages imprimés et 27 cours manuscrits proviennent de cette période. Ils sont tous rédigés en latin sauf un: le traité de Śmiglecki De l'usure, écrit en polonais (O lichwie). Chaque cours manuscrit comprend d'habitude plusieurs parties. En somme, les matériaux pris en considération ici sont importants: dans la premiere partie (la théorie de l'enseignement) environ 20 unités et dans la deuxieme partie (la pratique de l'enseignement) environ 130 unités, sans compter les matériaux biographiques et ceux qui se rapportent a l'histoire des écoles.
Au début de cette période, tous les professeurs étaient des étrangers. Leur nombre diminuait successivement. Sur 16 professeurs de philosophie (cours de trois ans), actifs au XVI^e siecle, il y eut 7 étrangers: 3 Espagnols, un Anglais, un Ecossais, un Belge et un Italien. La plupart des professeurs firent leurs études de philosophie a l'étranger. Hay, Kraker, Pallavicini, Śmiglecki et Stefanowski étudierent la philosophie au College Romain. Hay, Viana, Kraker, Pallavicini, Śmiglecki, Klein, Singleton et Stefanowski y étudierent également la théologie. Viana étudia la philosophie a Alcalá, Michel Ortiz a Salamanque, Jacques Ortiz a Cordoue, Singleton a Naples, Gerardinus a Mayence. Les autres étudierent la philosophie en Pologne, mais avec des professeurs formés a l'étranger. La moitié des professeurs dirigea un seul cours d'une durée de trois ans, les autres ont enseigné plus longuement, Kraker meme 8 ans.
Bien que les professeurs fussent bien préparés ŕ étudier les textes d'Aristote lui m^eme en traduction latine (certains également en grec) et bien que ces textes, en général, leurs fussent accessibles, ils n'en faisaient que rarement usage. Dans leurs cours, ils s'appuyaient habituellement sur des manuels publiés ŕ l'étranger, surtout par Pierre da Fonseca et François de Tolčde, sur les manuscrits des cours qu'ils ont suivi euxmemes lors de leurs études, ou enfin sur des manuscrits qu'ils ont fait venir de l'étranger, surtout du College Romain. Le meme professeur accompagnait les étudiants du début ŕ la fin de leurs études, c'est ŕ dire il leur enseignait de la premiere a la troisieme année. Le professeur dictait aux étudiants les parties essentielles de la leçon. Les multiples genres de disputes scolastiques (disputationes) jouaient un rôle important dans le processus de l'enseignement et de l'éducation.
Les études philosophiques comprenaient les disciplines suivantes: la logique, la physique (ou la philosophie de la nature), la métaphysique, l'éthique (en troisieme année) et les mathématiques (en deuxieme année). La logique comprenait a l'ordinaire la dialectique, le commentaire sur Isagogue de Porphyre et la logique proprement dite, c'est-a-dire les commentaires sur l'Organon d'Aristote. On y expliquait aussi quelques questions appartenant a la métaphysique, notamment les catégories. La dialectique était conçue comme une science strictement formelle et la logique elle meme comme une théorie de la connaissance. Un des principaux défauts de la philosophie de la nature semble etre le maintien tetu de la physique et de l'astronomie Aristotéliciennes ce qui ne facilitait pas le développement des sciences naturelles. La métaphysique est restée la discipline la plus cohérente et stable et elle a passé victorieusement l'épreuve du temps. L'éthique était moins développée, sa problématique était limitée et parfois traitée de façon superficielle. Les mathématiques faisaient également partie des disciplines philosophiques.
Quant a la forme des cours, ils sont encore des commentaires (commentaria ou commentarii), donc des travaux assez strictemnt liés au texte d'Aristote que l'on commente. Malgré le nom de commentaires , il y a déja en eux plusieurs vues et opinions divergentes d'Aristote. On se sert en principe de la méthode scolastique et de la forme syllogistique. Les cursus de philosophie apparaîtront plus tard.
Dans différents colleges, les cours de philosophie étaient fréquentés par de jeunes jésuites, d'autres religieux, des séminaristes diocésains et de jeunes laďques internes et externes. Leur nombre suivant les années était différent; a Vilna et a Poznań, il y avait toujours quelques dizaines d'étudiants, a Braniewo et Kalisz, il y en avait habituellement moins.
Nous avons dit au début que la philosophie des auteurs qui sont objet de cette étude est en principe la philosophie d'Aristote, modifiée par ses commentateurs postérieurs, surtout par Thomas d'Aquin et par des représentants de la seconde scolastique . Les modifications de la pensée d'Aristote et de Thomas d'Aquin, c'est ŕ dire les divergences les plus significatives de cette pensée ont été signalées chez chaque auteur. Ces divergences les plus fréquentes sont les suivantes: les ^etres singuliers sont l'objet premier et immédiat de la connaissance humaine, l'essence et l'existence ainsi que l'âme et ses facultés ne diffčrent pas réellement, la matiere prime n'est pas une puissance pure, l'existence des modes de l'etre (modi), l'admission de la distinction formelle dans certains cas.
L'analyse des contenus des cours ne nous permet pas d'établir un nombre plus grand de theses d'une certaine importance qui soient admises par tous ou au moins par la majorité des auteurs. C'est pourquoi chaque philosophe doit ^etre traité de façon individuelle.
En général, dans la philosophie des jésuites en Pologne dans la seconde moitié du XVI^e siecle prévalent les conceptions provenant de l'Espagne et du Portugal, spécialement du centre des jésuites de Coimbre, et appartiennent ŕ un courant qu'on pourrait appeller le présuarezianisme qui faisait partie de la seconde scolastique . Les jésuites, entre autres Pierre da Fonseca (1528-599), professeur a Coimbre, et François de Tolede (Toletus; 1532-1596), professeur au College Romain, étaient a l'origine de ce mouvement. Mais ce fut François Suárez (1548 1617), professeur de philosophie et de théologie en différentes villes d'Espagne, au College Romain et a Coimbre, qui, plus tard, donna ŕ ce courant l'expression la plus marquante et la plus connue, surtout dans ses Disputationes metaphysicae (Salamanque 1597). Ces idées, vives dans la péninsule Ibérique, ont été bientôt implantées en Italie, particuličrement au College Romain. Elles sont venues en Pologne notamment par l'intermédiaire du College Romain ou plusieurs futurs professeurs de philosophie en Pologne ont fait leurs études et grâce aux livres dont les auteurs étaient surtout Pierre da Fonseca et François de Tolede.
Que la philosophie des jésuites fűt étroitement liée au Stagirite ne voulait pas dire qu'on devait suivre toutes ses conceptions. Les versions successives de la Ratio studiorum recommandent en effet d'éviter les opinions inutiles, obsolčtes, absurdes, manifestement fausses 1; Opiniones inutiles, obsoletas, absurdas, manifesto falsas non adducat [...] . Ratio studiorum [1599]. Regulae communes omnibus professoribus superiorum facultatum, reg. 7.et de s'intéresser ŕ de nouveaux courants et de nouvelles idées pourvu qu'elles soient solidement fondées2; Par exemple la Ratio studiorum de 1586 recommande l'opinion suivante qui était alors nouvelle: Materia prima habet propriam existentiam, seu actum entitativum .
. Cette liberté relative favorisait du reste la renaissance de la philosophie, dite seconde scolastique; les jésuites surtout Suárez y joučrent un rôle important. L'enseignement de la philosophie dans les colleges des jésuites en Pologne et en Lituanie faisait souvent usage de cette liberté.
Malgré une tendance générale a délimiter la philosophie de la théologie tant au contenu qu'a la méthode et malgré des affirmations au sujet de l'autonomie de la philosophie comme science qui paraissent dans les versions successives de la Ratio studiorum et dans les énoncés des enseignants eux m^emes, notamment quand ils expliquent la définition et les propriétés de la philosophie, la pratique était un peu différente. L'influence de la théologie sur la façon de cultiver la philosophie est parfois visible et dans le choix des problemes, et dans certaines solutions (par exemple les relations, le rapport de la nature ŕ la personne, des propriétés de l'âme, la création du monde par Dieu dans le temps, l'essence de Dieu).
L'influence qu'exerçaient les centres d'études philosophiques en Pologne était différenciée, suivant le nombre des étudiants et des ouvrages publiés. Il va sans dire que le College de Vilna, transformé en 1579 en Académie, occupe ici une place spéciale. Son influence s'étendait presque sur tout le territoire du pays et l'Académie de Vilna concourait avec succes avec l'Académie de Cracovie. Le College de Poznań avec ses aspirations a etre transformé lui aussi en Académie se situe au second rang. L'influence des autres colleges était moins importante.
La philosophie des jésuites en Pologne au XVI^e siecle est une philosophie d'une certaine façon importée de l'Occident au double sens de ce mot: littéral (professeurs) et figuratif (idées). Son lien avec les autres courants philosophiques en Pologne est trčs faible. D'ou sa différence et une certaine nouveauté.
L'analyse de la philosophie enseignée dans les colleges des jésuites en Pologne au XVI^e siecle et le fait que les professeurs de philosophie firent eux memes leurs études de philosophie dans les centres renommés d'Europe ou bien furent éleves de ceux ci, ainsi que les comparaisons sélectives de cette philosophie faites avec la pensée occidentale semble justifier la conclusion que cette philosophie ne s'éloignait pas du niveau moyen de la philosophie européenne de cette époque la.

Nous donnons ici la liste des articles mentionnés déja au début de ce livre en langues étrangeres plus connues qui traitent directement notre sujet.
Darowski R., Diego Ortiz S.J. (1564 1625), profesor de filosofía en Polonia, Pensamiento , 39 (Madrid 1983) n. 154, p. 149-163.
Darowski R., État actuel des recherches sur l'enseignement de la philosophie dans les colleges des Jésuites de Pologne du XVI^e au XVIII^e siecle, Archivum Historicum Societatis Iesu , 46 (1977) p. 388-398.
Darowski R., First Aristotelians of Vilnius, Organon , n. 15, Warszawa 1979, p. 71-79 [Hay, Viana, Kraker].
Darowski R., John Hay, SJ, and the Origins of Philosophy in Lithuania, The Innes Review , 31 (Glasgow 1980) n. 1, p. 7-15.
Darowski R., Nuevas fuentes de la actividad filosófica de Diego Ortiz, S.J. (1564 1625) en Polonia, Pensamiento , 42 (1986), n. 168, p. 468-472.
Darowski R., Renaissance Latin Aristotle Commentaries Written by Jesuits in Poland: A Supplement to Lohr's Latin Aristotle Commentaries , Freiburger Zeitschrift für Philosophie und Theologie , Bd. 40 (1993), Heft 1 2, p. 169-180.
Darowski R., Richard Singleton, S.I. (1566 1602), first Professor of Philosophy at Braniewo, Gregorianum , 62 (1981) fasc. 1, p. 159-172.
Darowski R., Pedro Viana, S.J. (1549 1609) y su actividad filosófica en Polonia, Pensamiento , 35 (1979) n. 140, p. 425-443.
Darowski R., Die philosophische Tätigkeit von Johannes Klein SJ (1556 1601), Gregorianum , 66 (1985) fasc. 2, p. 315-331.
Lohr Ch. H., Latin Aristotle Commentaries. Vol. 2: Renaissance Authors, Firenze 1988, passim.
Majewski M., Marcin Śmiglecki's Organon Logic, Organon , n. 18/19, Warszawa 1982/83, p. 143 159.
Nowak L., Les idées gnoséologiques de Marcin Śmiglecki, Organon , n. 16/17, Warszawa 1980/82, p. 135-150.
Voisé W., The Career of Polish Neo Aristotelian: Smiglecius, Archives internationales d'histoire des sciences , 29 (Wiesbaden 1979) n^o 104, p. 23-27.

PHILOSOPHIE DE L'HOMME

Faculté de Philosophie de la Compagnie de Jésus [2002: Ignatianum] - Éditions WAM

1. Le caractere spécifique de la philosophie de l'homme
2. Définition de la philosophie de l'homme
3. Questions existentielles
4. La philosophie de l'homme, l'anthropologie philosophique et d'autres sciences de l'homme
5. La méthode de la philosophie de l'homme
6. Principaux problemes de la philosophie de l'homme

La philosophie de l'homme
dans les pricipaux courants de la philosophie contemporaine

Avant-propos
Le néopositivisme
La philosophie analytique
La phénoménologie
Le marxisme
L'anthropologie philosophique chrétienne
Remarques finales

1. L'homme et le monde des animaux
2. La corporéité de l'homme
3. L'élément spirituel de l'homme
4. La mort et l'immortalité
5. La structure de l'intellect humain et le processus de la connaissance intellectuelle
6. Le rapport des éléments spirituel et matériel
7. La liberté de l'homme
8. La personne humaine et ses droits
9. L'origine de l'homme
10. L'homme et le monde des valeurs
11. L'homme en tant que le créateur de la culture
12. L'homme en tant qu'etre historique
13. L'homme et le dialogue
14. L'homme en tant qu'etre social

1. Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, ONU 1948.
2. Encyclique du Pape Jean XXIII Pacem in terris, 1963.
Fragments sur les droits et les devoirs de l'homme.

1. L'homme et le monde des animaux
These 1: Bien que l'homme ait une resemblence considérable a certians animaux, il est cependant un ^etre exceptionel dont la marque essentielle est l'ouverture cognitive et volitive a tout etre.

2. Le caractere corporel de l'homme
These 2: L'élément matériel constitue une composante essentielle d'etre l'homme. Il se manifeste par ses propriétés physiques et il fait objet de l'activité organisante de la part de l'élément spirituel.

3. L'élément spirituel de l'homme
These 3: L'analyse des activités de l'intellect et de la volonté témoigne d'une immatérialité (spiritualité) substantielle de l'âme humaine. Cependant cette spiritualité n'est pas parfaite, car certains phénomenes du dynamisme de l'âme dépendent extérieurement de la matičre.

4. La mort et l'immortalité
These 4: Bien que l'homme comme un tout succombe a la mort, mais son élément essentiel: l'âme grâce a sa spiritualité contitue a exister, car elle est immortelle.

5. La structure de l'intellect humain et le processus de la connaissance intellectuelle
These 5: La connaissance humaine consiste en ce que l'intellect reçoit intentionnellement l'objet grâce a un processus dans lequel on peut distinguer deux phases: une active et une passive.

6. Le rapport de l'élément spirituel a l'élément matériel
These 6: La théorie de l'unité substantielle explique au mieux le rapport de l'élément spirituel et de l'élément matériel de l'homme. Selon cette théorie, lâme constitue la forme substantielle du corps humain (de la matiere).

7. La liberté de l'homme
These 7: L'analyse de la connaissance et de la liberté humaines prouve que l'homme est, dans une large mesure, libre de déterminations intérieures. Grâce a cette liberté il peut ne pas agir ou bien agir de telle ou autre façon; il peut déterminer le contenu de ses actions.

8. La personne humaine et les droits qui lui conviennent
These 8: L'élément spirituel et l'élément matériel constituent une seule substance, une seule nature et une seule personne humaine qui est l'ultime sujet de toutes ses actions et qui constitue le fondement de la dignité de l'homme et des droits qui lui sont propres.

9. La genese de l'homme
These 9: L'homme en tant qu'etre complet n'a pas pu apparaître seulement grâce a des dynamismes de minéraux, de plantes ou d'animaux. La possibilité de la genčse par la voie de l'évolution du corps humain seul, c'est-a-dire sans intelligence et sans liberté, est une question controverse.

10. L'homme et le monde des valeurs
These 10: L'homme réalise le sens de son existence par un developement harmonieux de toutes ses possibilités (potentialités), ce qui s'accomplie par la réalisation de différentes valeurs.

11. L'homme en tant que créateur de la culture
These 11: L'homme est le créateur de la culture et il en profite aussi. L'activité culturelle, qui est propre seulement a l'homme, constitue le domaine fondemental de l'activité humaine dans le monde.

12. L'homme en tant qu'etre historique
These 12: L'homme est un etre historique. Il existe et agit au milieu de l'histoire, de laquelle il dépend, et dont il est co-créateur également.

13. L'homme un etre de dialogue
These 13: L'homme en tant que personne est un etre ouvert a tout homme; il est un etre de dialogue et ce n'est qu'en dialogue avec d'autres hommes qu'il peut mieux se connaître, se comprendre et se réaliser.

14. L'homme un etre social
These 14: L'homme, étant un etre social, ne peut pleinement réaliser son humanité qu'en commun avec d'autres hommes; il est ouvert a d'autres et il a besoin d'eux; il crée avec eux différentes formes de vie sociale.

15. L'homme - un etre religieux [ce chapitre existe seulement dans l'édition de 2002]

These 15: L'homme en tant qu'etre conscient et libre, en face de sa propre insuffisance et en meme temps conscient de sa propre transcendance, cherche un Etre Absolue (Dieu) et peut s'engager dans un dialogue avec lui, ce qu'on appelle la religion.

PHILOSOPHICAL ANTHROPOLOGY

Sokołowski fut un des plus éminents jésuites-philosophes en Pologne de la premiere moitié du XVII^e siecle. Cette dissertation constitue une breve monographie de Sokołowski en tant que philosophe. Elle contient sa biographie, basée sur des sources en majorité inédites, provenant avant tout des Archives Romaines de la Compagnie de Jésus, la liste des ses écrits et la caractéristique de sa philosophie.

Wojciech (Adalbert) SOKOŁOWSKI naquit en 1586 en Pologne Majeure (Wielkopolska). Apres avoir terminé la rhétorique et trois ans d'études philosophiques, il entra dans la Compagnie de Jésus en 1606 et fit son noviciat a Cracovie (1606-1608). Il étudia la théologie au College des Jésuites a Poznań (1609-1613) ou - a la fin de ces études - il reçut la pretrise. De 1618 a 1621, Sokołowski enseigna la philosophie au College des Jésuites a Kalisz, en parcourant le cours tout entier, c'est-a-dire la logique, la physique (la philosophie de la nature et la psychologie), la métaphysique et l'ethique. Trois recueils de theses concernant la philosophie de la nature et un livre sous le titre Decreta comprenant toutes les parties de la philosophie, proviennent de la période de cet enseignement. Ensuite, Sokołowski enseigna la théologie scolastique au College des Jésuites a Poznań (1621-1630). Un texte manuscrit de ses cours sur l'Incarnation et sur les Sacrements, est conservé a nos jours. Sokołowski mourut prématurément, le 21 septembre 1631 a Poznań, dans sa 45^e année.

1. CONCLUSIONES PHYSICAE. Calissii [Kalisz] 1619, une table de 37 x 34 cm. Cet imprimé contient 20 theses de la philosophie de la nature, basées sur la Physique d'Aristote, theses destinées a etre l'objet d'une dispute scolastique.

2. PROPOSITIONES PHILOSOPHICAE EX QVATUOR LIBRIS ARISTOTELIS DE COELO. Calissii [Kalisz] 1619, une table de 34 x 30 cm. Cet imprimé contient 20 theses de la philosophie de la nature, basées sur le traité d'Aristote Du ciel, destinées a etre l'objet d'une dispute scolastique.

3. CONCLUSIONES PHILOSOPHICAE. DE ORTU ET INTERITU CAETERISQUES MUTATIONIBUS CORPORUM GENERABILIUM. DE CORPORIBUS SIMPLICIBUS MUNDI ET MISTORUM ELEMENTIS. Calissi [Kalisz] 1620, une table de 40 x 32 cm. Cet imprimé contient 20 theses de la philosophie de la nature, basées surtout sur le traité d'Aristote De la génération et de la corruption, destinées a etre l'objet d'une dispute scolastique.

4. DECRETA PRUDENTISSIMI PERIPATETICI SENATUS PRINCIPE SAPIENTISSIMO ARISTOTELE STAGIRITA PER TRIENNIUM ELABORATA ET AD DISPUTANDUM PROPOSITA. Calissi [Kalisz 1621], format folio, 133 pages.
Le livre contient 500 paragraphes ou theses (appelées ici decreta) qui étaient l'objet des cours pendant trois ans d'enseignement philosophique de Sokołowski. Les matieres du livre se rapportent a toutes les parties de la philosophie enseignée au XVII^e siecle (le contenu detaillé en langue latine voir au début de cette brochure).
Malgré que le nom de l'auteur ne soit pas mentionné dans ce livre, on prouve que Sokołowski en est l'auteur.

5. IN 3. PARTEM SUMMAE THEOLOGICAE DIVI THOMAE AQUINATIS DOCTORIS ANGELICI DISPUTATIONES. C'est un manuscrit de 365 feuillets (ou 730 pages), de format 18,5 x 16 cm, conservé a la Bibliotheque Théologique "Bobolanum" a Varsovie (Ms. 38). Ce manuscrit contient les textes des cours sur l'Incarnation et sur les Sacrements, dictés par Sokołowski au College des Jésuites a Poznań vers 1625.

La philosophie de Sokołowski est basée sur celle d'Aristote, mais c'est un aristotelisme au sens large du mot. Sokołowski fait d'abord une sélection des problemes traités par Aristote et les présente souvent selon l'esprit des commentateurs chrétiens qui modifiaient certaines opinions du Stagirite. Parmi ces commentateurs, il faut nommer avant tout St. Thomas d'Aquin et l'école philosophique des Jésuites dont le principal représentant fut Suárez. Sous l'influence de ce dernier, Sokołowski affirme par exemple que la matiere (materia prima) est un acte entitatif qui possede déja une existence et une certaine incomplete subsistance. Mais contrairement au suarézianisme, il rejette décidément les modes d'etres (modi) et les distinctions modales. Sous l'influence des idées de la Renaissance, il considere l'homme comme un microcosme.
Plusieures fois, Sokołowski montre un esprit critique, par exemple il combat diverses formes de superstitions, et dans certains points, il s'oppose ouvertement ŕ Aristote, par exemple dans la question de la connaissance des actes libres de l'homme.
Dans l'oeuvre de notre Auteur, on note une tendance ŕ actualiser certains problemes, en les adaptant aux conditions en Pologne et en ajoutant quelques questions, plus actuelles en Pologne, par exemple sur le royaume comme la meilleure forme de gouvernement.
Puisqu'il s'agit ici non pas d'un cours complet, mais des theses, des propositions, la forme adoptée par Sokołowski n'est pas scolastique au sens strict du mot; il s'agit plutôt des résumés des questions traitées pendant les cours. Chaque paragraphe (il y a en a 500!) se compose a l'ordinaire d'une affirmation (these) de l'Auteur, d'explications des termes, d'une ou de plusieurs preuves, le plus souvent sans la forme syllogistique. On se sert frequemment d'interrogations comme une forme probative; elles sont formulées de telle façon qu'elles sont en faveur des theses proposées par l'Auteur.
La méthode spéculative est employée dans les questions théoriques, surtout en métaphysique; dans d'autres questions, avant tout dans la philosophie de la nature, parfois, on a recours a des données expérimentales.
Sous l'influence de la théologie, Sokołowski - comme aussi d'autres auteurs de son époque - introduit a son traité certaines questions conditionnées par la foi, tout en s'efforçant de les justifier philosophiquement, par exemple l'essence et les attributs de Dieu, les Anges, la création du monde en six jours, la présence du Christ dans l'Eucharistie etc.

Skorulski fut un des plus éminents professeurs de philosophie a l'Académie de Vilna au XVIII^e siecle et auteur de deux ouvrages philosophiques. Plus tard, il fut recteur de trois colleges des jésuites, provincial des jésuites en Lituanie et ensuite recteur de l'Académie de Vilna.
Cette dissertation constitue une breve monographie de Skorulski en tant que philosophe. Elle contient sa biographie, la description de ses ouvrages et la caractéristique de sa philosophie.

Antoni (Antoine) SKORULSKI (dans la version lituanisée: Skorulskis) naquit le 22 novembre 1715, en Samogitie (Lituanie), probablement a Skorule. Il entra dans la Compagnie de Jésus en 1730 et fit son noviciat a Vilna. Il étudia la philosophie au College des Jésuites a Nieśwież (aujourd'hui en Biélorussie: Niasviz; 1733-1736) et la théologie a l'Académie de Vilna (1739 1741) et au College des Jésuites a Varsovie (1741 1743) ou il a été ordonné pr^etre en 1742.
Skorulski enseigna la philosophie au College des Jésuites de Kowno (en Lituanie: Kaunas; 1749-1751) et a l'Académie de Vilna (1752-1755). En 1752, il y acquit la maîtrise en arts libéraux et en philosophie. Les cours manuscrits de toute la philosophie ainsi que le livre Commentariolum philosophiae proviennent de la période de son enseignement a Vilna. En 1759, il acquit le doctorat en théologie, et en 1759/60, il enseigna la théologie scolastique (dogmatique) et positive a l'Académie de Vilna. Il fut recteur des colleges des jésuites a Nowogródek (aujourd'hui en Biélorussie: Navagrudak; 1760-1764), Kowno (Kaunas; 1764-1765) et recteur du College des Nobles a Vilna (1765/66). Le 23 mars 1766, il a été nommé provincial des jésuites en Lituanie et le fut jusqu'au 4 novembre 1772. Ensuite, il devint recteur de l'Académie de Vilna, dirigée depuis sa fondation en 1579 par les jésuites.
En 1773, la Compagnie de Jésus fut supprimée par le Pape, mais Skorulski resta recteur de l'Académie jusqu'en 1774. En 1773/74, le College des Jésuites et l'Académie a Vilna compterent 131 jésuites, dont 39 pretres. En 1774, Skorulski acquit a l'Académie de Vilna le doctorat en droit canonique. Apres la suppression de l'Ordre, Skorulski enseigna les sciences naturelles a l'Académie de Vilna. Il mourut le 28 janvier 1777 a Vilna.

1. PHILOSOPHIA. Un manuscrit de 578 pages. Ce sont les textes des cours de philosophie, tenus par Skorulski a l'Académie de Vilna dans les années 1752 1755, dictés aux étudiants par lui-meme. Ils comprennent 5 parties: Dialectica, Logica, Metaphysica, Physica generalis, Physica particularis.

2. COMMENTARIOLUM PHILOSOPHIAE Logicae scilicet, Metaphysicae, Physicae generalis & Particularis a P. ANTONIO SKORULSKI Societatis Jesu [...]. Vilnae 1755, 8^o, pages 24 + 236 + 2 tables. C'est une version abregée et corrigée des manuscrits mentionnés plus haut. La logique et la metaphysique y sont moins developpées, par contre la physique particuliere y est largement traitée. Plus de details sur le contenu de ce livre (avec des titres latins) ont été donnes dans le texte de cette dissertation.

La philosophie professée par Skorulski constitue un essai de synthese de la philosophie traditionnelle (scolastique) avec celle des temps modernes. Son cours est caracterisé par la frequente présentation de differentes opinions sur les questions traitées, avec leurs raisons pour et contre .
Dans sa philosophie cependant beaucoup de vues d'Aristote sont restées. Skorulski s'efforce de concilier certaines conceptions d'Aristote avec celles de la philosophie et de la physique nouvelles.
Skorulski fut le premier a l'Académie de Vilna a admettre le nouvel ordre des disciplines philosophiques proposé par Christian Wolff selon lequel on explique d'abord la logique, puis la metaphysique et enfin la physique (philosophie de la nature) générale et particuličre. Mais Skorulski n'applique pas les noms Wolffiens: cosmologie et théologie rationnelle.
Quant au contenu, les conceptions de Skorulski sont un aristotelisme influencé par la pensée de Suárez, mais en meme temps ouvert aux tendances en vigueur au XVIII^e siecle dans la philosophie et dans les sciences de la nature. C'est sous l'influence de Suárez qu'il admet les modes d'^etre (modi) et rejette la distinction réelle entre l'essence et l'existence. Mais ni l'aristotélisme, ni le suarezianisme n'est clair ni conséquent.
Bien qu'il s'oppose a l'atomisme, il admet cependant une forme d'atomisme et meme de dynamisme. En particulier, il affirme que les particules élémentaires contiennent une force active (virtus activa) qui est distincte d'elles et qui elle-meme constitue leur forme substantielle absolue ou bien est une preuve de l'existence de cette forme.
Descartes et Honoré Fabri, Gassendi, Leibniz et Newton, Jean Baptiste Duhamel (1624-706), Christian Wolff (1679-1754), Pierre Charles Le Monnier (1715-1799) et surtout Fortunat de Brescia (1701-1754) qu'il cite et suit fréquemment, sont les philosophes de l'époque moderne le plus souvent evoqués par Skorulski. Bien sűr, il se rapporte souvent a Aristote et St. Thomas d'Aquin, mais aussi a St. Augustin. C'est sous l'influence de ce dernier et de Descartes qu'il admet que certaines idées sont innées a l'homme.
Skorulski fut un des premiers jésuites en Pologne et en Lituanie qui, a l'égard de la philosophie de Descartes et de celle des adeptes de sa pensée, ainsi qu'a l'égard de la nouvelle philosophie en général, montrait une attitude tranquille, équilibrée, nuancée et plus ou moins objective. Descartes est le philosophe le plus souvent cité et commenté dans ses manuscrits philosophiques et dans son livre Commentariolum philosophiae. Quelquefois, il l'appelle clarus, clarissimus, celebris. Skorulski connaît les travaux de Descartes de sa propre lecture (ce qui prouvent entre autres des références exactes).
Dans les discussions avec des conceptions de Descartes, Skorulski est moins indépendant et souvent suit d'autres opinions, surtout du jésuite français Honoré Fabri (1607-1688). Le rapport de Skorulski a la philosophie de Descartes est en général critique; il ne s'agit pas ici d'un criticisme a priori, mais de celui qui montre des aspects moins convaincants de sa pensée et indique ses conséquences dangereuses a la foi. Par conséquent, il allegue parfois les raisons données par lui, les évalue et les remet en question.
Dans certains points, les vues de Skorulski sont proches de celles de Descartes. Ainsi, dans la question du critere de la vérité, Skorulski incline a l'idée claire et dinstincte. Bien qu'il n'admette pas le doute méthodique cartésien dans toute son étendue, il souligne cependant la nécessité d'une étude rationnelle de chaque nouvelle idée. Il incline aussi a admettre des idées innées et voit une partie de la vérité dans l'affirmation de Descartes selon lequel l'âme est une substance pensante (substantia cogitans). Il affirme cependant que le penser actuel (actualis cogitatio) ne peut pas constituer l'essence de l'âme.
Dans le probleme des systemes du monde , Skorulski n'admet pas l'héliocentrisme de Copernic, mais préfere le systeme de Tycho de Brahe et aussi celui-ci corrigé par Riccioli (semi-Tychonicum).
Les écrits de Skorulski témoignent des changements intervenus dans les programmes de la philosophie enseignée dans les collčges des jésuites en Pologne et en Lituanie au milieu du XVIII^e siecle: on limitait de plus en plus la problématique strictement philosophique en faveur des sciences naturelles, surtout de la physique. C'était avantageux pour ces sciences, mais signifiait une perte pour la philosophie. Skorulski fut un des premiers en Lituanie qui en tant que professeur et ecrivain dans une large mesure tenait compte des sciences naturelles et des nouveaux courants philosophiques.

Avant-propos                                  7
1. Biographie                                   9
2. Écrits                                           16
3. Conceptions philosophiques       20
Logique                                           20
Métaphysique                                 22
Physique générale                          24
Physique particuliere                      26
Psychologie                                     28
4. Rapport au cartésianisme          30
5. Rapport a l'héliocentrisme         32
Conclusion                                       34
Suppléments:
1. Lettre d'Antoine Skorulski au roi Stanislas Auguste Poniatowski, 1773                 42
2. Réponse du roi Stanislas Auguste Poniatowski                                                         43
3. Fragments du livre Commentariolum philosophiae, traduits en polonais                45
Les conceptions philosophiques d'Antoine Skorulski SJ (1715-1777). Résumé          54
Table des matieres                                                                                                          59
Bibliographie sur la philosophie des jésuites en Pologne du XVI^e au XVIII^e siecle    61

PAUL SIWEK SJ (1893-1986)

PHILOSOPHE ET PSYCHOLOGUE

Le Pere Paul Siwek SJ est un des plus éminents philosophes et psychologues polonais. Il a travaillé dans différents pays et s'est acquis une estime et une célébrité internationales. Pour familiariser le lecteur avec la personne de Siwek, on présente ici, de façon succincte, sa biographie, la liste de ses livres principaux publiés en plusieurs langues, la caractéristique de son activité et la bibliographie des publications principales qui contiennent des données sur lui.

Paweł [Paul] SIWEK, fils de Paul et de Catherine, née Bujak, naquit le 21 janvier 1893 a Trojanowice pres de Cracovie . Il entra dans la Compagnie de Jésus le 17 juillet 1908 et fit son noviciat a Stara Wieś pres de Krosno ou il prononça également ses premiers voeux le 4 juin 1911. Deux ans plus tard, le 6 juin 1913, il passa le baccalauréat au College de Chyrów pres de Lwów. Dans les années 1913-1916, il fit ses études de philosophie a Cracovie, puis - a cause de la guerre mondiale - a Gräfenberg en Silésie d'Opava (aujourd'hui Jeseník en Boheme) et a Nowy Sącz. Ensuite, il enseigna les mathématiques, la physique et la langue grecque a Chyrów (1916-18). En 1918/19, il était - avec d'autres jésuites - interné a Kołomyja par les Ukrainiens (comme détenu politique). En 1919, il commença ses études de théologie a Stara Wieś, puis il continua pendant trois ans a Ore Place, Hastings, en Angleterre, au College des Jésuites français (1920-1923), ou le 24 aout 1922 il reçut l'ordination sacerdotale des mains de Peter Amigo, éveque de Londres. A la fin de ces études, il passa l'examen "ex universa philosophia et theologia" grâce auquel - suivant les normes alors en vigueur - l'Université Grégorienne de Rome lui décerna en 1927 les grades de docteur en philosophie et en théologie.
En 1923/24, Siwek enseigna la psychologie rationnelle a l'Institut de Philosophie des Jésuites polonais a Nowy Sącz. De 1924 a 1926, suit le Cursus Magisterii a l'Université Grégorienne de Rome ou il présente sa dissertation Problema psychophysicum in Spinozae systemate et obtient le grade de "Magister aggregatus". Durant deux années consécutives, il fréquenta les cours de l'Institut de Psychologie de la Sorbonne. En 1928/29, il fit ? Paray-le-Monial son troisieme an (étude du droit des religieux et de la spiritualité ignatiennne; derniere année de formation du jésuite).
Ensuite, Siwek enseigna la psychologie rationnelle et expérimentale ? l'Institut de Philosophie de la Compagnie de Jésus de Cracovie (19291931). Le 2 février 1930, il prononça a Cracovie ses voeux de profes et le 16 juillet de la meme année, il obtint le doctorat d'Etat a l'Université de Clermont-Ferrand, en présentant deux ouvrages: La psychophysique humaine d'apres Aristote et L'âme et le corps d'apres Spinoza. De 1931 a 1939, il enseigne a l'Université Grégorienne de Rome: la psychologie métaphysique (rationnelle), et plus tard également la psychologie expérimentale, et en meme temps dirige des cours spéciaux pour de futurs docteurs en philosophie. C'est en 1932 que parut la premiere des sept éditions de sa Psychologia metaphysica, manuel utilisé pendant des années en plusieurs établissements ecclésiastiques.
De 1940 a 1946, a cause de la deuxieme guerre mondiale, Siwek séjourna au Brésil et enseigna, a partir de 1941, la philosophie (la métaphysique et la psychologie expérimentale) aux Faculdades Católicas a Rio de Janeiro. Pendant trois années consécutives (1946-1949), il enseigna l'histoire de la philosophie antique et d'autres sujets de philosophie a l'Université Fordham a New York. Puis, il fut nommé Reaserch Professor of Philosophy a cette meme Université et put continuer ses travaux de recherche également a l'étranger, par exemple en France, de 1958 a 1960.
En 1960, il revint a Rome, s'installa au College de Jésus (del Gesu) et enseigna la philosophie d'Aristote, celle de Spinoza ainsi que d'autres sujets philosophiques a l'Université de Latran. En 1968, il passe au College Bellarmin. Il prend alors contact avec l'Académie Polonaise des Sciences pour laquelle il prépare la traduction et l'édition de plusieurs traités d'Aristote. Il cessa d'enseigner en 1975 a l'âge de 82 ans. Ensuite, il s'adonne surtout au travail d'écrivain et d'éditeur. Siwek mourut le 23 mai 1986 a Rome et fut inhumé au cimetiere romain Campo Verano.

· L'âme et le corps d'apres Spinoza (La psychophysique spinoziste, Paris 1930, F. Alcan, XXXVIII + 203 pages.

· La psychophysique humaine d'apres Aristote. Préface de Jacques Chevalier, Paris 1930, F, Alcan, VIII + 210 pages.

· W pogoni za nieskończonością. Konferencje apologetyczne [A la recherche de l'infini. Conférences apologétiques], Kraków 1930, Wyd. Księży Jezuitów, 232 pages, 2 éd.: Rome 1972, 294 pages.

· Konnersreuth w świetle nauki i religii [Konnersreuth a la lumiere de la science et de la religion], Kraków 1931, Wyd. Księży Jezuitów, 276 pages.

· Psychologia metaphysica, Roma 1932, Pontificia Universitas Gregoriana, 501 pages, 7e éd.: 1965, 651 pages.

· Aristotelis De anima libri tres graece et latine, Roma 1933, Universitas Gregoriana, 358 pages; 3e éd.: Roma 1957.

· Metody badań zjawisk nadprzyrodzonych. Problem Konnersreuth [Les méthodes de recherches des phénomenes surnaturels. Le probl?me de Konnersreuth], Kraków 1933, Wyd. Księży Jezuitów, 119 pages.

· Spinoza et le panthéisme religieux, Paris 1937, Desclée De Brouwer, Préface de Jacques Maritain, XXXI + 293 pages; 2 éd. Paris 1950, XXXIV + 309 pages;

· Wędrówka dusz. Reinkarnacyjne utopie [Migration des âmes. Utopies de réincarnation], Kraków 1937, Wyd. Księży Jezuitow, 174 pages.

· La réincarnation des esprits, Rio de Janeiro 1942, Desclée De Brouwer, 244 pages.

· La reencarnación de los espíritus, Buenos Aires 1947, Ed. Huarpes, 270 pages.

· Une stigmatisée de nos jours. Etude de psychologie religieuse, Paris 1950, Lethielleux, 174 pages.

· The Enigma of Hereafter. The Re-incarnation of Souls, New York 1952, Philosophical Library, XIV + 140 pages.

· The Riddle of Konnersreuth. A Psychological and Religious Study, Milwaukee 1953, Bruce, XVI + 228 pages; le meme: Dublin 1954, Browne and Nolan.

· Wieczory paryskie, Poznań 1960, Pallottinum, 448 pages; 2 éd. augmentée: London 1965, Veritas, 406 pages.

· Les manuscrits grecs des "Parva naturalia" d'Aristote. Préface de M. A. Mansion, Rome 1961, Desclée, 150 pages.

· Aristotelis "Parva naturalia", graece et latine. Edidit, versione auxit, notis illustravit P. Siwek, Roma 1963, Collectio Philosophica Lateranensis 5, XXXVIII + 375 pages.

· Aristotelis tractatus "De anima" graece et latine. Edidit, versione latina auxit, commentario illustravit P. Siwek, Roma 1965, Collectio Philosophica Lateranensis, 374 pages.

· Le "De anima" d'Aristote dans les manuscrits grecs, Citta del Vaticano 1965, Bibliotheca Apostolica Vaticana, 196 pages.

· Ewolucjonizm w świetle nauki [L'évolutionnisme a la lumiere de la science], London 1973, Veritas, 237 pages.

Les domaines principaux de l'activité du Pere Siwek regroupent des travaux de professeur, de chercheur, d'écrivain et d'éditeur. Les ouvrages en sont imposants: 40 livres, plus de 100 articles et beaucoup de comptesrendus, concernant surtout la philosophie et la psychologie. Trois disciplines furent l'objet de son intéret particulier: psychologie philosophique, psychologie expérimentale et la philosophie d'Aristote et de Spinoza. Chargé par l'Académie Polonaise des Sciences, il a en outre traduit en polonais et préparé l'édition de plusieurs traités d'Aristote. Dans les dernieres années de sa vie, il se pencha sur l'étude de Platon de Platon et traduisit en polonais certains de ses écrits.
Dans la philosophie, surtout dans la psychologie philosophique (psychologia metaphysica), Siwek représentait en général le courant néothomiste (le thomisme modéré, "le thomisme critique" - comme il l'exprimait), mais souvent il tenait compte de la psychologie expérimentale, dont il se servait et utilisait de nombreuses acquisitions. Il s'efforçait de faire le lien entre ces deux disciplines. Son originalité se manifeste surtout dans certaines questions d'instinct, de conscience de la liberté et - dans la psychologie expérimentale - dans des questions parapsychiques. Ses mérites dans le domaine des éditions critiques et traductions latines de certains traités d'Aristote sont également a souligner. Les ouvrages en sont surtout: Aristotelis "Parva naturalia", graece te latine (Roma 1963), Aristotelis tractatus "De anima", graece et latine (Roma 1965).

Rev. Paul Siwek, S.J. (Self-portrait), dans: The Book of Catholic Authors, ed. by W. Romig, Grosse Pointe, Mich. 1957, p. 272-279; Enciclopedia Italiana, Appendice III, M-Z, Roma 1961, p. 757-758; Katoliccy filozofowie i psychologowie polscy za granicą, 1939-1964 [Philosophes et psychologues catholiques polonais a l'étranger], dans: Sacrum Poloniae Millennium, t. 11: Roma 1965, p. 534-340, 554-557; Enciclopedia Filososfica, 2 ed., Firenze 1969, vol. 5, col. 1422-1423; Dictionary of International Biography, London 1972, p. 1228; Men of Achievment, Cambridge 1974, vol. 1, p. 945 (photo); Verbo - Enc. Luso-Brasileira de Cultura, t. 17, Lisboa 1975, col. 329-330; Dizionario dei filosofi, Firenze 1976, p. 1094; R. Darowski, Ks. Paweł Siwek SJ, "Znak", 30: 1978, nr 12, p. 1541-8; R. Darowski, Ks. Paweł Siwek SJ. Koleje życia i spuścizna pisarska, "Collectanea Theologica" 49: 1979, fasc. 1, p. 169-179; Studia z historii filozofii. Księga Pamiątkowa z okazji 50-lecia pracy naukowej Ks. Profesora Pawła Siwka SJ [Etudes d'histoire de la philosophie. Livre commémoratif a l'occasion de 50 ans de travail scientifique du Pere Professeur Paul Siwek SJ]. Red. R. Darowski, Kraków 1980 (s. 1-26: photo, biographie et bibliographie complete); "Nasze Sprawy", 1986 nr 7, s. 133-136; T. Kwiatkowski, Ks. prof. Paweł Siwek (1893-1986), "Życie i Myśl", 35: 1988, nr 1-2, s. 33-48; Z wiarą przez życie [Avec la foi a travers la vie] (Mémoires jusqu'en 1974; texte dactylographié, 314 pages, avec plusieurs photos, conservé aux Archives des Jésuites a Cracovie, dans les bibliotheques de l'Université Catholique de Lublin, de l'Académie de Théologie Catholique de Varsovie et d'autres); Christliche Philosophie im katholischen Denken des 19. und 20. Jahrhunderts hrsg. von E. Coreth u. an., Band 2, Graz 1988, p. 812; J. W. Woś, Pogadanki historyczne [Causeries historiques], Kraków 1991, s. 195-9; Cz. Głombik, Tomizm czasów nadziei [Le thomisme des temps de l'espérance], Katowice 1994 (plusieurs fois). Roman DAROWSKI SJ, dans: "Forum Philosophicum", 1: Cracovie 1996, p. 279-283.

Kraków 1998, Wydział Filozoficzny TJ, 372 p. [Review: Bogdan Lisiak, "Forum Philosophicum", 5: 2000, p. 291-294].

The subject of Prof. Roman Darowski s book [The Studies on the Jesuit Philosophy in Poland in the 17th and 18th Centuries,Cracow 1998] is the philosophical heritage of polish Jesuits in the 17th and 18th centuries. Darowski, who is himself a priest from the Jesuit Order, is a representative philosopher-historian, engaged in historical research of the Jesuit philosophy in Poland. The author tells us also about his own experiences in this field (pp. 347-360). His study is an abundant synthesis of his own investigations into the subject.

The author starts his monograph with a presentation of the actual state of the investigations in Jesuit philosophy in Poland and Lithuania in the 17th and 18th centuries (pp. 9-60). In this part of the book he addresses the new questions in the subject and possible perspectives of future research.

The philosophy of the polish Jesuits in these two centuries was strictly connected with the development of teaching programs in the schools and colleges led by this order. The proper point of reference in the philosophical legacy of Jesuits is their system of education, called Ratio Studiorum , and in this case, the system of education which the order developed in Poland and Lithuania. Jesuit philosophy has to be analysed in the context of the achievements and the failures of this system. Another topic in that research on the state of philosophy in the past centuries is the social, mental, cultural and religious character of the epoch; and the author considers exactly this. Darowski examines different historical factors present in those times in the Kingdom of Poland and Lithuania. He also investigates activity of the Roman Catholic Church in Poland, and particularly, its confrontations with the Reformation. The flow of new intellectual tendencies in theology, philosophy, politics, as well as the achievements of modern natural science, has been introduced a new picture of the universe in these centuries to Poland and Lithuania. All these ideas were different from the traditional vision of man and the world present in Catholic theology and philosophy of the former and even present epoch. Jesuit philosophers perceived their scientific and academical activity in the context of all those changes.

Those Jesuits who were teaching philosophical subjects in the colleges of their Order were interested in the philosophy of Aristotle and St. Thomas Aquinas. Their frequent subject of the research was the study of the scholastics according to the interpretation of St. Thomas. Jesuits in Poland and Lithuania lectured on traditional philosophy, which is independent from the natural sciences. Many historian criticize this point of view, but the very question is present also today. Actually, the concept of philosophy as independent, in a special sense, from the sciences is acceptable to many contemporary philosophers. Polish Jesuits of the 17th and 18th centuries were convinced that such a philosophy is able to explain natural reality better than the sciences, better even than physics itself.

Historical judgements on the Jesuit philosophy of these times are different and even contradictory. Darowski differentiate here two groups of opinions: those judgements were very negative, above all, in the past (p. 57), but many recent researchers underline the positive aspects of Jesuit scholastics of the 16th and next two centuries. Evaluating those judgements Darowski asserts that authors who wrote on Jesuit philosophy were mostly historians or professional philosophers. Those who belonged to the first group had not been properly prepared to study philosophical texts. For that reason their judgements were rather general and certainly limited. Unfortunately, some of their opinions were subsequently transferred to academic handbooks. Darowski mentions here such authors as Henryk Struve (pp.14-16) and Wiktor Wąsik (p. 21).
The second group of writers, the professional philosophers, was far better equipped for their work, so their evaluation of Jesuit philosophy consists in a rational argumentation rather than pure opinions. As an example, a well known polish philosopher, Prof. Władysław Tatarkiewicz, in his elaboration on philosophy in the Jesuit Academy of Vilnius, Lithuania, remarks that the works of Jesuit lecturers at that Academy are precious source of our knowledge of scholastic philosophy in the period of Renaissance. He maintains that contemporary philosophers can find a helpful aid in these works, for self-studies and development, especially in the domain of logic (pp. 40-41).

In the main part of his work, Darowski discusses the philosophical activity of Polish and Lithuanian philosophers from the 16th to 18th centuries (pp. 61-311). He investigates the philosophical legacy of every Jesuit philosopher in context of his life in the order and of the mental trends of that epoch. Darowski's approach to this question shows us the role of a man in the making of knowledge, his full existence within the context of his efforts and dilemmas. This personal perspective is a significant method of his investigations. Darowski points out, that the history of Jesuit philosophy displayed dynamism in its process of developing human knowledge of the world and humanity. His reflections show that the members of the Jesuit Order developed and modernized Aristotelian metaphysics and scholastics of St. Thomas Aquinas. They lectured on some parts of scholastic philosophy according to an expression of a Jesuit philosopher, Francis Suárez, S.J. For example, the philosophy of Marcin Łubieński, S.J., and Stefan Sczaniecki, S.J., represents fundamental Aristotelian metaphysics, but one would find in their lectures some notions from Suárez combined with their own concepts (p. 98 and pp. 195-196).
The philosophy of René Descartes came to the Polish Kingdom in 18th century. His works were known by the Jesuits in Poland and Lithuania at that time and they explored the philosophical concepts of the french philosopher from the scholastic point of view. The attitude of the Jesuits towards Cartesian philosophy was very critical. We can see this in the reactions of Stanisław Jaworski, S.J., to the philosophical achievements of Descartes (pp. 230-234). Jaworski studied the philosophical theses of Descartes in order to recognize the method in his philosophy of the perception of truth. Jaworski pointed out that Descartes is inconsistent in his epistemology. He quoted also some of the Cartesian theses in his book that shows he personally knew the works of the French philosopher.

Darowski's elaboration on the reception of Cartesian philosophy in Poland will be very helpful for everyone who is interested in the Cartesian philosophy of the consciousness. The Jesuits reaction to the Cartesian concept of philosophy was to dialogue with it from the Aristotelian point of view. This part of the Jesuit philosophy as well as the whole philosophy of the Jesuits in Poland and Lithuania at this time is not sufficiently know today and needs to be worked out in the future. Jaworski's opinion on the foundations of Cartesian philosophy is very important to the contemporary philosophers, because this French thinker and his philosophical ideas have had a significant impact on the history of European philosophy, especially on the modern rationalism. The questioning of the Cartesian philosophy by Jesuits is profoundly elaborated in Darowski's monograph.
The Jesuit philosophers at the same time were interested in the problems of social life in the countries within the Polish Kingdom. They developed the philosophical concepts about the state, economy and law, duties of the citizens, and political system of the polish state (pp. 339-342). That concepts were inspired by the Jesuit thinkers: Francis Suárez and Robert Bellarmine. This kind of philosophical activity by the Polish Jesuits is not enough known. It is a great task for the future research in the field of Jesuit philosophy in Poland and Lithuania in the 16th and next centuries. Darowski precisely defines the questions to guide the future investigations (p. 342). His work is a good and interesting introduction to the philosophical legacy of the Jesuits in Eastern Europe during those two fruitful centuries.

Studies in the Philosophy of the Jesuits in Poland in the 16^th to 18^th Centuries.
Cracow 1999, School of Philosophy and of Education Ignatianum, pp. 281. [Summary]

This book contains the papers on the philosophy of Jesuits in Poland in the 16^th to 18^th centuries. Most of them were previously published in foreign languages, in various revues both in Poland and abroad.
The bibliography at the end of this book embraces the history of the philosophy of Jesuits in Poland and Lithuania in the 16^th to 18^th centuries. It mentions the books and papers published in the last 25 years. So, it constitues a supplement to the article État actuel des recherches sur l'enseignement de la philosophie dans les collčges des Jésuites de Pologne du XVI^e au XVIII^e siecle first published in 1977.
The aim of this collection is to give to the reader the opportunity to have the dispersed contributions collected together in one volume and so to facilitate the study of the Jesuit philosophy.

The book contains the following texts:
1. État actuel des recherches sur l'enseignement de la philosophie dans les colleges des Jésuites
de Pologne du XVI^e au XVIII^e siecle
2. John Hay and the Origins of Philosophy in Lithuania
3. Pedro Viana (1549 1609) y su actividad filosófica en Polonia
4. Pedro Viana SJ (1549-1609) et son activité de philosophe en Lituanie
5. First Aristotelians of Vilnius [Hay, Viana, Kraker]
6. Die philosophische Tätigkeit von Johannes Klein (1556 1601)
7. Jean Gerardinus (1563-1606), un jésuite belge, professeur de philosophie en Pologne
8. Diego Ortiz (1564-1625), profesor de filosofía en Polonia
9. Nuevas fuentes de la actividad filosófica de Diego Ortiz (1564-1625) en Polonia
10. L'activité philosophique de Diego Ortiz (1564-1625) en Pologne et en Lituanie
11. Richard Singleton (1566-1602), first Professor of Philosophy at Braniewo
12. Wojciech Sokołowski (1586-1631) et sa philosophie
13. Gorgonius Ageison (1604-1665), Professor an der Wilnaer Akademie
14. Adrien Miaskowski (1657-1737) en tant que philosophe
15. De Stephani Sczaniecki (1658-1737) philosophia
16. Conceptions philosophiques de Stanislas Jaworski (1711-1779)
17. La philosophie de Jean Kowalski (1711-1782)
18. De Andrea Rudzki (1713-1766) philosopho eiusque ad philosophiam Renati Cartesii habitudine
19. Une réponse polonaise au concours de l'Académie de Besançon . - Jean Załuskowski et sa Disputatio (1764)
20. Conceptions philosophiques d'Antoine Skorulski (1715-1777)
21. Une monographie de Stanislas Szadurski (1726-1789)
22. Renaissance Latin Aristotle Commentaries Written by Jesuits in Poland:
A Supplement to Lohr's Latin Aristotle Commentaries
23. La philosophie dans les colleges des Jésuites en Pologne au XVI^e siecle
24. La philosophie des jésuites en Pologne du XVI^e au XVIII^e siecle Essai de synthese
25. Quelques réflexions d'un historien de la philosophie des jésuites en Pologne (XVI^e-XVIII^e siecle)
26. Bibliography on the Philosophy of Jesuits in Poland (16^th-18^th Centuries).

Ce livre comprend deux parties principales:
1) une introduction générale et un essai de synthese;
2) un dictionnaire des auteurs actifs dans le domaine de la philosophie.
Le résumé qui suit se rapporte seulement ŕ la premičre partie du livre.

L'enseignement de la philosophie, sa promotion et sa propagation chez les jésuites en Pologne au début du XX^e s. était basé surtout sur deux documents provenant déjŕ du XIX^e s.: la Ratio studiorum admise pour la premiere fois en 1599, dont la version modernisée a été approuvée par le général Jan Roothaan en 1832, et l'encyclique du pape Léon XIII Aeterni Patris de 1879.
Selon la nouvelle version de la Ratio studiorum, le but des études philosophiques fut non seulement la préparation aux études théologiques comme jadis mais aussi la préparation ŕ d'autres ministčres, au développement intellectuel des étudiants et au perfectionnement de leur volonté.
L'innovation la plus importante concerne la doctrine a enseigner. La recommandation d'exposer la philosophie d'Aristote a été remplacée par une autre formule : Dans les questions d'une certaine importance, le professeur de philosophie ne s'éloigne pas de la doctrine, admise généralement par les académies (Regulae professoris philosophiae, nro. 5). Ceci a permis de tenir compte des courants nouveaux et des acquisitions modernes des sciences naturelles.
Dans la deuxieme moitié du XIX^e s. on note une renaissance de la philosophie et de la théologie thomistes, dite néothomisme, surtout a la suite de l'encyclique du pape Léon XIII Aeterni Patris (1879).

Approuvée en 1911 par le général Fr. Wernz et ensuite imprimée, l'Ordinatio studiorum Provinciae Galicianae S.I. (Cracovie 1911, 50 pages) applique les normes contenues dans la Ratio studiorum et dans l'encyclique Aeterni Patris aux circonstances concretes en Pologne (Galicie). Elle souligne que les études doivent avoir pour objet principal la philosophie scolastique (nro. 29).
En 1931, le pape Pie XI a promulgué la Constitution Apostolique Deus scientiarum Dominus dans laquelle il a recommandé l'étude de la philosophie scolastique conformément a la méthode et aux principes de St. Thomas d'Aquin. Une année plus tard, le centre philosophique de jésuites a Cracovie a obtenu le statut de faculté ecclésiastique de philosophie ainsi que le droit de conférer le degré de licence. Les études se poursuivaient alors selon les Statuta Facultatum Theologiae et Philosophiae in Collegiis Societatis Iesu erectarum, élaborés par les jésuites et publiés ŕ Rome en 1934.
Les études philosophiques en vue de la licence duraient 3 ans et la façon de les faire était déterminée par les documents ecclésiastiques mentionnés ci-dessus et par la Ratio studiorum jésuite alors en vigueur. A partir de cette date, les jésuites polonais faisaient des études de ce genre. Mais déjŕ en 1941, le Préposé Général de la Compagnie, Wladimir Ledóchowski, a promulgué ad experimentum une nouvelle version de la Ratio studiorum superiorum Societatis Iesu que le général Jan Janssens a approuvé définitivement en 1954. On y a rappelé de nouveau l'obligation de faire des cours de philosophie scolastique, on a donné les programmes d'études et on a souligné l'importance des études spéciales pour bien préparer les futurs professeurs de philosophie.

A la suite du Concil Vatican II, de grands changements sont survenus dans la législation de l'Eglise au sujet de la philosophie et en conséquence dans la législation de la Compagnie de Jésus. Les questions des études ont été traitées par la Congrégation Générale XXXI (1965/66). Aprčs cela, le général Pedro Arrupe a approuvé le document Normae generales de studiis. Lineamenta novae Rationis Studiorum Superiorum Societatis Iesu, en vigueur de 1968. Les Normae generales ont succédé, dans une large mesure, ŕ la Ratio studiorum. Elles laissent ŕ chaque Province de l'Ordre et m^eme ŕ chaque institution / établissement une liberté relativement grande quant ŕ la structure et la durée des études, ainsi qu'a la doctrine a suivre. Tandis que les Rationes studiorum jusqu'ici imposaient la philosophie (néo)thomiste, les Normae generales s'expriment de façon générale : il faut tenir compte du patrimoine éternel ainsi que des questions actuelles (Tum patrimonium philosophicum perenniter validum, tum actualitas quaestionum criteria esse debent selectionis, nro. 67). Cette recommandation a été puisée au décret du Concil Vatican II (Décret sur la formation des pr^etres, nro. 15). Cette expression revient dans les versions postérieures du statut de la Faculté et de l'Ordo studiorum. A partir de 1980, sont en vigueur les Normae generales, adaptées ŕ la Constitution Apostolique Sapientia Christiana promulguée en 1979 par le pape Jean Paul II.
Les Normae generales mettent fin a la Ratio studiorum uniforme et homogčne a l'échelle globale, internationale donc la m^eme pour toute la Compagnie.
Le document Normae generales contient seulement les normes générales . C'est pourquoi chaque Province de l'Ordre, ou un groupe de Provinces, devait préparer un Ordo Regionalis Studiorum, et les facultés de philosophie devaient préparer un nouveau statut qui devait etre approuvé outre par le général aussi par la Congrégation Vaticane pro Institutione Catholica. Les Provinces polonaises et la Faculté de Philosophie de Cracovie l'ont fait également. L'Ordo Studiorum Provinciarum Poloniae Societatis Jesu a été approuvé par le général Pedro Arrupe en 1970 r. L'approbation ad experimentum du statut de la Faculté par la Congrégation a eu lieu en 1973 r. Apres la parution de la Constitution Sapientia Christiana en 1979, on a préparé une nouvelle version du statut, approuvée d'abord en 1984, et de façon définitive en 1990. C'est ainsi que la Faculté a obtenu, entre autres, le droit de conférer tous les degrés académiques et de proposer les candidats aux titres de professeurs qui sont nommés par le grand chancelier de la Faculté, le général de l'ordre, apres avoir obtenu le nihil obstat de la Congrégation pro Institutione Catholica.

Il faut signaler ici les auteurs suivants :
Józef Stanisław Adamski (1851-1926), auteur des travaux monographiques : Studium o duszy ludzkiej [Etude sur l'âme humaine] (Lwów 1901) et Substancjalność i nieśmiertelność duszy ludzkiej w świetle rozumu [La substantialité et l'immortalité de l'âme humaine a la lumiere de la raison] (Warszawa 1905).
Jan Nuckowski (1867-1920) enseigna la propédeutique de la philosophie a l'Etablissement scolaire pour les jeunes laics a Chyrów; il a publié une dissertation Zasadniczy punkt wyjścia w badaniu filozoficznym [Le point essentiel de départ dans la recherche philosophique] (Kraków 1899) et un manuel Początki logiki ogólnej [Rudiments de logique générale] (Kraków 1903), plus tard encore 2 éditions.
Fryderyk Klimke (1878-1924) enseigna la philosophie ŕ Cracovie (1913/14), Innsbruck et a l'Université Grégorienne de Rome; il écrivait en polonais, allemand et latin. Il publia notamment : Der Monismus und seine philosophischen Grundlagen (Freiburg 1911), Der Mensch (Graz 1908), Institutiones historiae philosophiae (Rome 1924), traduction polonaise sous le titre Historia filozofii, t. 1-2, Kraków 1929 30.
Stanisław Borkowski Dunin (1864 1934 ; écrit aussi : Dunin Borkowski), célčbre chercheur de Spinoza et pédagogue, auteur de plusieurs travaux, entre autres : Spinoza, 1-4, Münster 1932-1936.
Stanisław Kobyłecki (1864-1939), entré dans la Compagnie en 1885, la quitta en 1912. Docteur chez Wundt ŕ Göttingen (1905). Il s'intéressait ŕ la psychologie, a la théorie de la connaissance et a la logique mathématique. Plus tard, il a été professeur a l'Université de Varsovie. Il a publié plusieurs travaux, avant tout dans la revue Przegląd Powszechny : Postulaty psychologii doświadczalnej [Postulats de la psychologie expérimentale] (1905/6) ; Próba wstępu do krytyki poznania [Essai d'introduction a la critique de la connaissance] (1909) oraz Metafizyka w psychologii [La métaphysique dans la psychologie], Przegląd Polski , 1906 ; Interpretacje psychologiczne [Interprétations psychologiques] (Warszawa 1909), Nowa teoria tzw. jaźni [Une nouvelle théorie du moi psychologique], Przegląd Filozoficzny , 1912.
Aleksander Rozwadowski (1883-1946), néothomiste, enseigna la philosophie au College des Jésuites a Nowy Sącz (1915 1923) et a l'Institut Pontifical Oriental a Rome (1930-1934). Il a publié entre autres De problemate criteriologico, Gregorianum , 8: 1927.

Au XX^e s. le College des Jésuites a Cracovie et a partir de 1932 la Faculté de Philosophie érigée par la Congrégation Vaticane pro Institutione Catholica dans le m^eme College fut le principal centre philosophique des jésuites en Pologne.
Jusqu'en 1989, il y avait seulement les jésuites sauf quelques rares exceptions qui pouvait étudier a la Faculté. Leur nombre variait suivant les années. Entre les deux guerres mondiales, il y en avait 84 en 1932 et 127 en 1935, dont 20 étrangers.
Aprčs la guerre, leur nombre a diminué. On note le plus grand nombre d'étudiants en 1955/56 104, dont 7 étudiants appartenant a l'Ordre des Chanoines Réguliers de Latran (C.R.L.). En meme temps, il y a eu 14 professeurs.
Quant au programme et au choix de professeurs, la Faculté était en principe autonome et indépendante des autorités civiles. Il y a eu cependant de fortes tendances de la contrôler. En 1966, un grave conflit est survenu, quand elles ont voulu faire une inspection et un contrôle de la Faculté. Le Pere Andrzej Bober, Recteur du College, n'a pas permis de le faire, les autorités civiles ont donc requis que le Provincial, le Pere Antoni Kuśmierz, le privât de sa charge. Le Provincial étant contraire a cette démarche, les autorités civiles ont commencé le processus de liquidation du Séminaire et de la Faculté.
Grâce a de nombreuses interventions aupres des autorités civiles et ecclésiastiques, surtout de l'archeveque K. Wojtyła, l'établissement scolaire des jésuites n'a pas été supprimé et a pu fonctionner normalement.

Quant au contenu et a la caractéristique de la philosophie (la doctrine) enseignée a la Faculté et cultivée par les professeurs, aussi dans leurs publications, c'était a peu pres jusqu'en 1970 une philosophie néothomiste, assez homogene, proche du courant essentialiste, avec certains traits suaréziens. Apres 1970 suivant ce qui prévaut dans cette philosophie, on peut y distinguer deux courants principaux :

1. La philosophie d'inspiration aristotélico thomiste qui cependant tient compte des courants philosophiques contemporains et dans le cas de P. Lenartowicz et S. Ziemiański aussi des sciences naturelles. A ce courant appartiennent : Czesław Michalunio, né en 1919 (Logika, Kraków 1976, philosophie de la connaissance), Tadeusz Ślipko, né en 1918 (auteur des travaux fondamentaux d'éthique générale et particuliere, entre autres : Zarys etyki ogólnej [Précis d'éthique générale], Kraków 1974, 2^e éd. : 1984 ; Zarys etyki szczegółowej [Précis d'éthique particuliere], Kraków 1982; Granice życia. Dylematy współczesnej bioetyki [Les limites de la vie. Dilemmes de la bioéthique contemporaine], Warszawa 1988 ; 2^e éd. : Kraków 1994 ; Rozdroża ekologii [Carrefours de l'écologie]), Roman Darowski, né en 1935 (Człowiek i świat [L'homme et le monde], Kraków 1972, réd. ; Człowiek : istnienie i działanie [L'homme : son essence et son existence], Kraków 1974, réd. ; Filozofia człowieka [La philosophie de l'homme], Kraków 1995, 1996, 3e éd. augmentée sous presse), Bolesław Dyduła, né en 1934 (Problem charakterystyki ocen i norm moralnych [Le probleme de la caractéristique des évaluations et des normes morales], dans : Człowiek : istnienie i działanie, Kraków 1974), Piotr Lenartowicz, né en 1934 (Elementy teorii poznania [Eléments de théorie de la connaissance], Kraków 1995 ; Elementy filozofii zjawiska biologicznego [Eléments de philosophie du phénomene biologique], Kraków 1986), Stanisław Ziemiański, né en 1931 (Wprowadzenie do filozofii przyrody nieożywionej [Introduction a la philosophie de la nature inanimée], Rocznik Wydziału Filozoficznego TJ w Krakowie , 1993 1994, p. 149-189 ; Teologia naturalna. Filozoficzna problematyka Boga [Théologie naturelle. Problématique philosophique de Dieu], Kraków 1995, la I^e partie du livre : Założenia metafizyczne [Présupposés métaphysiques], p. 7-118 c'est la revue des problemes métaphysiques fondamentaux. Les auteurs cités plus haut ont préparé et publié l'exposition de l'ensemble de la philosophie, c'est-a-dire de toutes les disciplines qui appartiennent traditionnellement a la philosophie systématique.

2. Le courant de philosophie du dialogue : Antoni Jarnuszkiewicz, né en 1949 (Separazione e prossimita. Studio filosofico sulla possibilita di una teoria della persona fondata sul metodo e sulle analisi di Emmanuel Lévinas, Roma 1982 ; Miłość i Bycie. Studium z metafizyki [L'Amour et l'Etre. Etude de métaphysique], Kraków 1990 ; 2e éd. augmentée : 1994), Jakub Gorczyca, né en 1950 (Il valore e la risposta dell'uomo. Capisaldi del pensiero filosofico di Dietrich von Hildebrand, Roma 1984 ; O odpowiedzialności w dialogu z Martinem Buberem [Sur la responsabilité en dialogue avec Martin Buber], Forum Philosophicum , 1: 1996, p. 43-56 ; Chrystus i ethos. Szkice o etyce filozoficznej w kondycji chrześcijańskiej [Christ et éthos. Esquisses sur l'éthique philosophique dans la condition chrétienne], Kraków 1998 professeur de l'Université Grégorienne a Rome, 1999 ; Adam Żak, né en 1950 (Vom reinen Denken zur Sprachvernunft. Über die Grundmotive der Offenbarungsphilosophie Franz Rosenzweigs, Stuttgart 1987).

3. Autres domaines et tendances : Quant ŕ la philosophie sociale d'inspiration chrétienne, ont trouve les travaux de : Jan Sieg, né en 1919 (Powściągliwość, umiarkowanie i praca a rozwój ludów [Tempérance, modération et travail et développement des peuples], Warszawa 1981) ; et Stanisław Pyszka, né en 1951 (Prawda w polityce [La vérité dans la politique], dans : Wobec socjotechniki [En face de la sociotechnique], 5: Kielce 1998, p. 51-102 ; Chrześcijańska nauka społeczna w pytaniach i odpowiedziach [La doctrine sociale chrétienne : questions et réponses], Kraków 1993 et 1999) ; de l'analyse sociale est faite par Adam Żak (Chrétiens d'Est et d'Ouest, d'une meme voix, Objectif Europe , 1994, n. 31-33, p. 42-49 ; la version anglaise et allemande dans le meme numéro de la revue ; Stört die Kirche in Polen den sozialen Frieden, dans : 45. Kongreß Kirche in Not. Osteuropa die Christen und der Friede in der Gesellschaft, Bd. 43, Königstein 1995, p. 93-104).
Eugeniusz Ożóg s'intéressaient a la psychologie, tandis que Stanisław Kuczkowski, né en 1939, avait fait des études sur la psychologie de la religion et de l'athéisme (Psychologia kształtowania się obrazu Boga [La psychologie de la formation de l'image de Dieu], Kraków 1982 ; Strategie wychowawcze [Stratégies éducatives], Kraków 1985, Psychologia religii [Psychologie de la religion], Kraków 1991 et 1993). Ludwik Piechnik (né en 1920) pendant plusieurs années donnait des cours de pédagogie et faisait des recherches sur l'histoire de l'éducation et des écoles, surtout celles des jésuites (Dzieje Akademii Wileńskiej [Histoire de l'Académie de Vilna], 1-4, Rome 1983 1990). Jan Popiel (né en 1914), pendant plusieurs années, professeur d'histoire de la philosophie, s'intéressait ŕ des questions d'esthétique et d'art sacré (Sakralny wyraz sztuki chrześcijańskiej [L'expression sacrée de l'art chrétienne], Znak , 1964, nro. 126, p. 1427-1459). Roman Darowski a consacré plusieurs travaux ŕ la philosophie des jésuites en Pologne (Filozofia w szkołach jezuickich w Polsce w XVI wieku [La philosophie dans les écoles jésuites en Pologne au XVI^e siecle], Kraków 1994 ; Studia z filozofii jezuitów w Polsce w XVII i XVIII wieku [Etudes sur la philosophie des jésuites en Pologne au XVII^e et XVIII^e siecle], Kraków 1998 ; Studies in the Philosophy of the Jesuits in the 16^th to 18^th Centuries, Kraków 1999 ; Filozofia jezuitów w Polsce w XX wieku [La philosophie des jésuites en Pologne au XX^e siecle], Kraków 2001) ; de meme Franciszek Bargieł, né en 1918 (philosophie du XVII^e et XVIII^e siecle, monographies de T. Młodzianowski, W. Tylkowski, S. Szadurski et d'autres).
Henryk Pietras (né en 1954) s'intéresse aux questions philosophiques de la patristique (Jedność Boga, jedność świata i jedność Kościoła [Unicité de Dieu, unité du monde et unité de l'Eglise], Kraków 1991), Ludwik Grzebień (né en 1939) aux questions méthodologiques et historiques en général, et surtout ŕ l'histoire de la culture chrétienne en Pologne et ŕ la contribution des jésuites ŕ son développement (cf. Jezuicka ars historica. Prace ofiarowane Ks. Profesorowi Ludwikowi Grzebieniowi SJ, Kraków 2001). Stanisław Obirek (né en 1956) s'intéresse a la meme problématique (Jezuici w Rzeczypospolitej Obojga Narodów w latach 1564 1668 [Les jésuites dans la République des deux Nations, 1564 1668]).
Józef Bremer (né en 1953) s'occupe de la philosophie analytique de la langue (Rekategorisierung statt Reduktion. Zu Wilfrid Sellars' Philosophie des Geistes, Göttingen 1997 ; Ludwig Wittgenstein a religia, Kraków 2000).

Parmi les jésuites-philosophes les plus éminents, on trouve Paweł SIWEK (1893-986), professeur de quatre universités étrangeres (Gregorianum a Rome, Rio de Janeiro, Fordham a New York, Lateranum a Rome) et écrivain fécond, chercheur de la philosophie d'Aristote, éditeur et traducteur de ses oeuvres en polonais, psychologue, auteur d'un manuel détaillé de psychologie philosophique Psychologia Metaphysica (Rome 1932, 7^e éd.: 1965, 651 pages).
A l'étranger, ont travaillé également Szaszkiewcz et Mirewicz.

Jerzy SZASZKIEWICZ (1926-1992), professeur de l'Université Grégorienne a Rome, est l'auteur des livres : Relation entre le comportement et la connaissance selon Merleau Ponty. Intelligence, liberté et réflexion, Rome 1962, Psychologia rationalis, Roma 1964 ; Filosofia dell'uomo, Roma 1981 et 1989 ; Filosofia della cultura, Roma 1988.

Jerzy MIREWICZ (1909-1996), actif surtout a Londres, écrivain fort productif, non lié a l'enseignement. Une grande partie de sa production littéraire peut etre qualifiée d'essais philosophiques qui appartiennent a la philosophie de la religion ; cf. S. Szczyrba, Afirmacja Boga i życie moralne w ujęciu Jerzego Mirewicza TJ [L'affirmation de Dieu et la vie morale selon J. Mirewicz], Łódź 1994). Il a publié beaucoup d'articles et 25 livres, entre autres : Mity współczesne [Mythes contemporains], Rome 1968 ; Myśli nieśmiałe [Pensées timides], Londres 1975 ; Zapomniani współtwórcy Europy [Fondateurs oubliés de l'Europe], Londres 1976 ; Człowiek Miasto oblężone [L'homme cité assiégée], Londres 1978 ; Trzy minuty filozofii [Trois minutes de sagesse], Londre 1978 ; Życie wewnętrzne emigracji [La vie intérieure de l'émigration polonaise], Londres 1979 ; Wychowawcy Europy [Educateurs de l'Europe], Londres 1981 ; Obrońcy Europy [Défenseur de l'Europe], Londres 1983 ; Słudzy Europy [Serviteurs de l'Europe], Londres 1985 et Marnotrawni synowie Europy [Fils prodigues de l'Europe], Londres 1987.

A partir de 1973, il y a eu toujours une stricte collaboration entre la Faculté de Philosophie SJ et la Faculté Pontificale de Théologie a Cracovie, transformée en 1981 en Académie Pontificale de Théologie. Cette collaboration était multiforme, et maintenant, grâce a elle, les étudiants des deux écoles ont libre acces a des cours donnés dans les deux écoles ; a partir de 1993, 4 jésuites sont professeurs a l'Académie Pontificale de Théologie.
Certains professeurs de la Faculté donnent aussi des cours ailleurs, par exemple a l'Académie de Théologie Catholique a Varsovie actuellement l'Université Card. Stefan Wyszyński, a la Faculté Pontificale de Théologie a Varsovie, a l'Université Jagiellonne de Cracovie, aux séminaires diocésains et religieux de Cracovie, a Institut Catéchétique Supérieur de Cracovie etc.
A l'Université Grégorienne a Rome enseignerent la philosophie : Jan Popiel (esthétique) et Jakub Gorczyca (éthique; de 1999, il y est a demeure), aux USA : Piotr Lenartowicz, Stanisław Ziemiański et Jakub Gorczyca. P. Lenartowicz donnait des cours a l'Aloisianum a Bratislava en Slovaquie.

La fondation de l'École Universitaire de Philosophie et de Pédagogie Ignatianum (1999)

Comme nous l'avons écrit plus haut, la Faculté de Philosophie a déja acquis l'approbation et les droits ecclésiastiques des 1932. Les droits publics en Pologne y compris le droit de conférer le doctorat lui ont été concédés par le Parlement en 1989. Grâce a cela, il fut possible d'admettre les étudiants laďques. L'ordonnance du Ministere de l'Éducation Nationale de 1996 a confirmé ce droit.
L'année 1999 constitue un tournant de l'histoire de la Faculté. En effet, la meme année, 10 ans apres l'ouverture de l'école aux étudiants laďques, la structure et le nom ont été formellement changés. Le nom en usage jusqu'a maintenant : Faculté de Philosophie, ne répondait plus ŕ la réalité, car plus de 90 % d'étudiantes et étudiants suivaient les cours de pédagogie.
Les efforts entrepris depuis quelques années ont été récompensés. La Congrégation Vaticane de l'Institution Catholique a approuvé, le 7 juin 1999, la nouvelle dénomination de l'établissement jésuite : Wyższa Szkoła Filozoficzno-Pedagogiczna Ignatianum w Krakowie, en français : École Universitaire de Philosophie et de Pédagogie Ignatianum (dans le texte originale italien : Scuola Universitaria di Filosofia e di Pedagogia Ignatianum ; prot. 400/99). L'école, en tant que continuation de la Faculté de Philosophie, a été approuvée également par les autorités polonaises, dans le contrat entre le Gouvernement de la République Polonaise et la Conférence de l'Episcopat de Pologne : Umowa między Rządem Rzeczypospolitej Polskiej a Konferencją Episkopatu Polski w sprawie statusu prawnego szkół wyższych zakładanych i prowadzonych przez Kościół Katolicki, signé le 1 juillet 1999 r. (cf. "Dziennik Ustaw RP" , 1999, nro. 63, pos. 727 du 27 juillet 1999). Le 8 décembre 2000, la Congrégation de l'Institution Catholique a érigé la Faculté de Pédagogie a l'Ignatianum.

L'École Universitaire de Philosophie et de Pédagogie Ignatianum est une école catholique qui appartient a la Province de Pologne du Sud de la Compagnie de Jésus et a son siege a Cracovie. Les locaux de l'Ignatianum se trouvent dans une partie séparée du bâtiment du College des Jésuites, rue Copernic 26.
L'École a, a présent, une faculté philosophique et une faculté pédagogique.
Les études de pédagogie ont été inaugurées grâce a l'initiative du Pere W. Kubik en 1990 sous le nom : Section de Pédagogie Religieuse.

En octobre 2000, le nombre de professeurs et d'étudiants était le suivant :
Professeurs titulaires : 34.
Autres enseignants et chargés de cours : 86
Total : 120 dont 44 jésuites.
Nombre d'étudiantes et d'étudiants, études ordinaires :
lundi-vendredi : 691dont 108 étudiants en philosophie (parmi eux 38 jeunes jésuites)
et 583 en pédagogie
Nombre d'étudiantes et d'étudiants, études extraordinaires : samedi (exclusivement la pédagogie) : 1378
Au total : 2069 étudiantes et étudiants dont 22 étrangers.
Le nombre de ceux qui préparent le doctorat : 40.

En 1972, la Faculté a commencé de publier des livres sous son propre nom. Les éditions de la Faculté comptent actuellement plus de 70 volumes. L'initiative de cette entreprise en est venue de R. Darowski qui fut le directeur des éditions pendant toute cette période.
Dčs 1988 paraît le Rocznik Wydziału Filozoficznego Towarzystwa Jezusowego w Krakowie [Annuaire de la Faculté de Philosophie de la Compagnie de Jésus ŕ Cracovie], vol. 1-8.
Depuis 1990 a l'initiative de Zbigniew Marek paraît la revue trimestrielle Horyzonty Wiary [Horizons de la foi], d'abord l'organe de l'Institut de Culture Religieuse , et puis de la Section de Pédagogie Religieuse, et a partir de 1999 de la Section de Pédagogie. Jusqu'en 2000, 46 numéros ont paru ŕ 90 pages chacun.
Depuis 1996 a l'initiative et sous la direction de Roman Darowski paraît l'annuaire Forum Philosophicum (env. 300 pages), une revue internationale, dans laquelle au moins la moitié des articles sont publiés en langues étrangeres les plus usitées : anglais, français, allemand, italien, espagnol et latin ; les textes en polonais ont toujours d'amples résumés dans l'une des langues les plus usitées.
Le but de la revue est de s'ouvrir ŕ l'Europe et de faire part de la vie philosophique européenne avec davantage d'activité dans ce domaine.
La publication de Forum a rendu possible l'échange des revues ; grâce a cela, la Biblioteque de l'Ignatianum reçoit 90 revues étrangeres et 90 revues polonaises, en grande partie de caractere philosophique.
Depuis 1998 ŕ l'initiative de Władysław Kubik, la Section de Pédagogie Religieuse publie l'annuaire, Rocznik Sekcji Pedagogiki Religijnej .

Les professeurs et les étudiants ont a leur disposition deux bibliotheques : la Bibliotheque Philosophique et la Bibliotheque dite Scientifique [Naukowa].
La Bibliotheque Philosophique (dir. Czesław Michalunio) a environ 90 000 volumes et environ 300 revues récentes dont la moitié vient de l'étranger.
La Bibliotheque Scientifique (dir. Ludwik Grzebień) a environ 220 000 volumes, environ 2000 titres de revues dont environ 150 revues récentes (50 revues viennent de l'étranger). Les données des deux bibliotheques sont mises sur l'ordinateur (computer) et sont ŕ la disposition des usagers sous l'adresse :
www.jezuici.krakow.pl/bibl/i.htm

Inaugurée en 1952, elle exerçait son activité aupres de la Faculté. Elle organise des conférences sur différents themes, de préférence philosophiques, dont les textes sont le plus souvent publiés.
Le statut de la Société, établi et rédigé provisoirement en 1951, a été approuvé définitivement en 1976. Jan Poplatek fut le premier président de la Société, et apres sa mort en 1955 se succéderent : Jan Popiel (1955-1959), Andrzej Bober (1959-1970), Roman Darowski (1970-1982), Stanisław Ziemiański (1982-1988), Adam Żak (1988-1994), Piotr Lenartowicz (1995-2001) et Bogdan Lisiak (2001- ) .
Bronisław Natoński en fut le secrétaire pendant plusieurs années (1953-1967) et apres lui Kazimierz Drzymała (1967-1972).

Comme nous avons pu voir, les acquisitions et les mérites des jésuites en Pologne au XX^e siecle sont considérables, aussi bien dans le domaine des recherches scientifiques présentées dans maintes publications (livres, articles, comptes-rendus), que dans le domaine didactique.
Ce deuxieme domaine s'est développé particulierement vite surtout au cours des 10 dernieres années, quand l'École fut ouverte aux laiques. Grâce a cela, environ 1500 étudiantes et étudiants y sont admis actuellement. Ils étudient, il est vrai, en grande partie la pédagogie, mais ils ont aussi des cours de philosophie.
Dans ce contexte, une question naît spontanément : quels sont les plus éminents philosophes jésuites du XX^e siecle? Les plus célebres et les plus éminents sont les suivants :
1. Paweł SIWEK (1893-1986), historien de la philosophie et philosophe a l'échelle européenne et meme mondiale, chercheur pénétrant, écrivain, éditeur et traducteur, auteur de 40 livres publiés en 7 langues.
2. Tadeusz ŚLIPKO (né en 1918), professeur d'éthique, auteur du premier cours complet d'éthique rédigé en polonais et de plusieurs travaux sur les questions actuelles d'éthique (bioéthique, écologie) dans lesquels il présente maintes opinions originales.
3. Franciszek KWIATKOWSKI (1888-1949), écrivain philosophique et théologique tres fécond, auteur du premier cours de l'ensemble de la philosophie néothomiste rédigé en polonais sous le titre : Filozofia wieczysta w zarysie [Précis de philosophie éternelle], Kraków 1947, vol. 1-3, et coauteur de l'Histoire de la philosophie, d'un livre qui a eu 3 éditions.

QUELQUES RÉFLEXIONS D'UN HISTORIEN
DE LA PHILOSOPHIE DES JÉSUITES EN POLOGNE
(XVI-XVIII SIECLE)

Roman Darowski, professeur de philosophie a la Faculté de Philosophie de la Compagnie de Jésus a Cracovie, s'occupe depuis 1975 de l'histoire de la philosophie des jésuites en Pologne et en Lituanie du XVIe au XVIIIe siecle. Il est l'auteur de plus de 50 travaux sur ce sujet, entres autres des livres: Filozofia w szkołach jezuickich w Polsce w XVI wieku [La philosophie dans les colleges des jésuites en Pologne au XVIe siecle], Kraków 1994, 450 pages, Résumé, p. 411-437; Studia z filozofii jezuitów w polsce w XVII i XVIII wieku [Etudes sur la philosophie des jésuites en Pologne au XVIIe et XVIIIe siecle], Kraków 1998, 372 pages, résumés; Studies in the Philosophy of the Jesuits in Poland in the 16th to 18th Centuries, Cracow-Kraków, 281 pages. Il est aussi l'auteur de l'article synthétique La philosophie des jésuites en Pologne du XVIe au XVIIIe siecle. Essai de synthese, "Forum Philosophicum", t. 2, Cracovie 1997, p. 211-243.

L'article que l'on résume ici [cf. supra: Studia ..., p. 347-360] contient diverses réflexions, en grande partie de caractere personnel, concernant la problématique dont Darowski s'occupe et les expériences qu'il a faites au cours de ses travaux. Ce sont - pour ainsi dire - des remarques ,"de l'atelier" de l'historien de cette philosophie.

Dans mon travail d'historien de la philosophie qui pour moi est l'histoire de la culture, je me suis fait guider par des principes que l'on pourrait exprimer brievement de façon suivante:

1) Non pas l'apologie, mais la connaissance de cette philosophie, la connaissance de la vérité sur elle, et ensuite la présentation de cette vérité dans les publications pour la rendre accessible a la société.

2) J'ai entrepris depuis longtemps et, en principe, j'entreprends encore des travaux analytiques qui sont nécessaires pour en faire une synthese. Ces dernieres années seulement, j'ai fait des essais de syntheses.

3) J'ai fait de l'analyse critique, mais non anachronique, non "a-historique", c'est-a-dire j'ai fait de l'analyse dans le contexte de l'histoire de la philosohie, j'ai donc tenu compte des conditionnements contemporains.

4) C'est l'analyse avec une dose convenable de sympathie et meme de certaine piété filiale pour le passé et la tradition, pas toujours louables, mais tout de meme propres a nous. J'étais cependant conscient que je devais éviter d'etre un laudator temporis acti, privé d'esprit critique. Il n'est pas de mon devoir de juger - y ai-je réussi et en quelle mesure?

5) Je m'efforçai (et je continue de le faire aujourd'hui) d'informer de mes travaux ceux qui s'intéressent a la problématique
de l'histoire de la philosophie des jésuites, en publiant des données bibliographiques, par le souci de faire publier des comptes-rendus des livres sur ce sujet, par l'envoi aux intéressés des tirés a part des articles et aussi, dans la mesure du possible, des exemplaires de livres. Je suis convaincu que les opinions défavorables qui existaient dans le passé a propos de cette philosophie, sont plutôt nées d'une connaissance déficiente des choses que d'une mauvaise volonté.

6) L'ouverture au contexte international surtout européen; de nombreux efforts pour faire publier mes travaux également dans les langues étrangeres, malgré les difficulté liées a une telle entreprise. C'est pourquoi, j'ai préparé un ample résumé en français (25 pages) pour mon livre Filozofia w szkolach jezuickich w Polsce w XVI wieku [La philosophie dans les colleges des jésuites en Pologne au XVIe siecle] (Cracovie 1994). Ce résumé permet aux étrangers de se renseigner de façon satisfaisante sur le contenu du livre.
La meme raison m'a conduit a entreprendre, en 1996, la publication du, "Forum Philosophicum", une revue annuelle en plusieurs langues, organe de la Faculté de Philosophie de la Compagnie de Jésus a Cracovie. Les articles en polonais y sont suivis par d'amples résumés dans les langues étrangeres les plus connues et les articles en langues étrangeres - par des résumés en polonais. Les comptes-rendus des livres publiés en langues étrangeres y paraissent en polonais, ceux des livres publiés en polonais - en langues étrangeres.
Il est bien évident que j'ai pu réaliser ces objectifs de façon différenciée. Mais sans fausse modestie, il faut avouer qu'on a réussi a faire beaucoup dans ce domaine. La bibliographie sur ce sujet, placée a la fin de ce livre en témoigne suffisamment.

Et voici quelques mots a propos des principales difficultés rencontrées pendant mon travail.

a) Une des difficulté est constitué en la lecture des manuscrits philosophiques a cause de l'écriture peu distincte des étudiants, cette écriture est souvent difficile a déchiffrer.
b) Le nombre insuffisant de travaux sur d'autres auteurs et d'autres courants philosophiques de l'époque en Pologne.
c) Les contacts restreints avec l'historiographie européenne concernant la meme époque et le m?me Ordre des jésuites.

Les résultats que j'ai obtenus au cours de mes recherches (et grâce a ces recherches) ont suscité parfois mon admiration et ma surprise. En voici quelques-unes:

1. Le nombre considérable de matériaux philosophiques que nous avons a notre disposition. Pendant 200 ans, on a publié plus de 100 livres et plus de 1000 recueils de theses (quelques-uns tres amples et longs). En outre, plus de 1000 cours manuscrits (notes d'étudiants) ont été conservés jusqu'a nos jours et peuvent etre l'objet de recherches. Riches sont également les sources concernant les biographies des philosophes, conservées avant tout aux Archives Centrales de la Compagnie de Jésus a Rome.

2. Le nombre élevé de centres d'enseignement philosophique: par exemple en 1772/73 il y a en avait 40. L'Académie de Vilna, en Lituanie, fut toujours le principal centre de cet enseignement et de recherche.

3. Le grand nombre d'enseignants et de professeurs de philosophie: 2 a 3 mille. Uniquement a l'Académie de Vilna, plus de 200 professeurs enseignerent de 1579 a 1773.

4. La philosophie des jésuites en Pologne et en Lituanie constitue dans ces pays un courant philosophique a part, provenant de l'Occident, des centres de la pensée jésuite, surtout de la péninsule Ibérique et d'Italie, en particulier de Rome. C'était le nouvel aristotélisme jésuite, appartenant a la seconde scolastique, élaboré par des jésuites dans la deuxieme moitié du XVIe siecle. La philosophie des jésuites était donc un courant propre et son lien avec d'autres courants philosophiques en Pologne était faible. D'ou sa différence et une certaine nouveauté.
Des professeurs, liés au College Romain, furent les protagonistes de ce courant, surtout le Portugais Pedro da Fonseca, auteur d'Institutiones dialecticae (Lisbonne, 1564; 53e [!] éd., Lyon 1625) et de Commentarii in libres Metaphysicorum (Rome 1577), l'Espagnol Francisco de Toledo (Toletus), auteur d'Introductio in dialecticam (Rome 1591; 18e éd., Milan, 1621) et de commentaires de la philosophie de la nature, l'Espagnol Benito Pereira De communibus omnium rerum naturalium principiis et affectionibus (Rome, 1576), ainsi que l'Espagnol Francisco Suarez, auteur des Disputationes metaphysicae (Salamanque 1597). Cette derniere oeuvre n'est pas tellement un commentaire, mais plutôt un nouveau ,,genre littéraire" dont l'auteur présente la métaphysique de façon systématique comme un tout organique.
La nouveauté de 1'aristotélisme jésuite consiste surtout dans l'émancipation successive des sciences naturelles et dans la reconnaissance, d'une plus grande autonomie accordée aux disciplines philosophiques - tout en retenant la conviction que la Révélation chrétienne et la philosophie d'Aristote s'accordent sur l'essentiel.

5. Quant au contenu, la philosophie qui fait l'objet de cette étude appartient au courant dit philosophia perennis. Beaucoup de ses problemes et solutions ont persisté jusqu'au XIXe siecle et meme au XXe siecle et ils existent actuellement dans la philosophie néoscolastique (néothomiste). C'est en principe 1'aristotélisme modifié par ses commentateurs postérieurs, en particulier par Thomas d'Aquin et par des représentants de la ,,seconde scolastique jésuite", surtout par Suarez. Une seule exception connue: au XVIe siecle, a Vilna, l'Écossais John Hay dont on sait qu'il était scotiste, et l'Espagnol Pedro Viana qui était thomiste.

Les theses suivantes, propres a Suarez et a l'école suarézienne, apparaissent le plus souvent:

    1) Les etres singuliers, concrets, particuliers sont l'objet premier et immédiat de la connaissance humaine, et non pas les etres universels qui sont saisis en second lieu, par inférence médiate;
    3) Dans les etres contingents, l'essence et l'existence ne different pas réellement; il y a entre eux seulement la distinction logique (distinctio rationis);
    4) La matiere prime (materia prima) n'est pas une puissance pure, mais elle possede déja un acte grace auquel elle puisse - per virtutem Divinam - exister sans aucune forme;
    5) II y a des modes de l'etre (modi) ou des modifications (déterminations) réelles d'un etre qui remplissent différentes fonctions dans la structure des etres (des liens - uniones - de l'etre), mais en meme temps, il y a également des critiques du modalisme;
    6) Le principe d'individuation des etres n'est pas la matiere, mais leur propre entité.
La conscience de la différence de ces deux courants: le thomisme et le suarézianisme se développa et augmenta lentement et, jusqu'au milieu du XVIIe siecle, leur différence n'était pas claire ni évidente. Suarez était alors considéré généralement comme thomiste. A partir du milieu du XVIIe siecle, on distingue déja ces deux écoles et on les oppose (par exemple T. Młodzianowski le fait).

6. Donc en général, dans la philosophie des jésuites en Pologne, prévalent, des le début (la deuxieme moitié du XVIe siecle), les conceptions provenant de l'Espagne et du Portugal, et particulierement du centre des jésuites de Coimbre, ainsi que de Rome. Elles appartiennent a un courant que l'on pourrait appeler le présuarézianisme qui faisait partie de la ,,seconde scolastique jésuite". Mais ce fut François Suarez (1548-1617), professeur de philosophie et de théologie dans différentes villes d'Espagne, au College Romain et a Coimbre, qui, plus tard, donna a ce courant l'expression la plus marquante et la plus connue, surtout dans ses Disputationes metaphysicae (1597). Ces idées, vivement suivies dans la péninsule Ibérique, se sont répandues bientôt en Italie, particulierement au College Romain. Elles sont venues en Pologne notamment par l'intermédiaire du College Romain ou plusieurs futurs professeurs de philosophie ont fait leurs études et aussi grâce aux livres dont les auteurs étaient surtout Pierre da Fonseca et François de Tolede.
Les premiers professeurs de philosophie en Pologne et en Lituanie au XVIe siecle étaient soit étrangers (surtout Espagnols), soit des Polonais qui avaient étudié dans les centres des jésuites a l'étranger, ou enfin des Polonais qui étaient disciples des étrangers enseignant en Pologne.
Cette "tendance suarézienne" persista également plus tard, bien qu'elle ne fut pas souvent dans sa forme pure, mais admise de façon sélective et meme diversement modifiée (par exemple W. Sokolowski s'opposait ouvertement au modalisme).
Le suarézianisme donc, et non pas le thomisme était le courant prédominant chez les jésuites de cette époque en Pologne et en Lituanie - contrairement a d'autres opinions qui se font sentir encore aujourd'hui.

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SUMMARIES-RÉSUMÉS
ZUSAMMENFASSUNGEN - SUMMARIA

PROF. ROMAN DAROWSKI, S.J.
ON THE OCCASION OF HIS SEVENTY YEARS

Roman Darowski was born on August 12, 1935, in Szczepanowice, near Tarnów. He entered the Jesuit Order on the My 31, 1951 and underwent a two year novitiate in Stara Wieś near Krosno. He was ordained priest on July 31, 1961, in Warsaw.
He studied philosophy at the Jesuit College (Faculty of Philosophy) in Cracow (1955-1958). He obtained a Master's Degree (MA) after presenting his thesis, Basic Foundations of Marxist Ethics [Podstawowe założenia etyki marksistowkiej], written under the direction of Tadeusz Ślipko SJ. He studied theology at the Jesuit College (Faculty of Theology: Bobolanum) in Warsaw (1958-1962). After presenting his thesis Church History of Szczepanowice [Dzieje kościelne Szczepanowic], directed by Włodzimierz Kamiński SJ, he obtained a Master's Degree in Theology. In the following year (1962/1963), he completed the so-called third probation in Paray-le-Monial, France (a one year study of the rules of the order and of Ignatian spirituality).
He then continued his philosophical studies at the Gregorian University in Rome (1963-1966), where he obtained a Ph.D. after defending his dissertation La théorie marxiste de la verite (director: prof. Gustav A. Wetter SJ). After that, he did post-doctoral work in philosophy at Munich University, Germany (1966/1967) for a year. In 1967, he returned to Poland and settled at the Jesuit College in Cracow, at 26 Copernicus Street.
In 1969, he became an associate professor, and in 1990 he obtained his habilitatio, a post-doctoral academic qualification, at the Faculty of Philosophy of the Pon-tifical Academy of Theology in Cracow after defending his special dissertation: Filozofia w szkołach jezuickich w Polsce w XVI wieku [Philosophy in Jesuit Schools in Poland in the 16th Century]. In the same year, 1990, he became a full professor.
Since 1967, Darowski has lectured in philosophy, mainly in philosophical anthropology at the Jesuit College (Faculty of Philosophy SJ; since 1999: the Faculty of Philosophy at the University School of Philosophy and Education The Ignatianum) in Cracow. Since 1995, he has been the chairman both of the Department of Philosophical Anthropology and of the Department of the History of Philosophy in Poland. He also was a professor in the Philosophical Section of the Pontifical Faculty of Theology in Cracow (now the Faculty of Philosophy at the Pontifical Academy of Theology), in 1973-1978 and again from 1993 until 2003, where he was chairman of the Modern and Contemporary Philosophy Department. He has also lectured at the Silesian Major Seminary in Cracow (1970-1976).
At the Jesuit College (Faculty of Philosophy SJ) in Cracow, he was a prefect of studies (from 1968-1973) and then a dean (1973-1982, 1994-1997 and again since the 30th of March 2001). From 1973-1982, 1994-1997, and since 2002, he has been a member of the Academic Council of the Polish Episcopal Conference. From 1978 until 1984, he was the rector of the Jesuit College in Cracow. He was president of the Philosophical Section of the Polish Theological Society in Cracow (1970-1974) and of the Jesuit Learned Society in Cracow (1976-1982). He was also a member of the Polish Episcopal Commission for Dialogue with non-believers (1989-1994).
In May 2003, he was elected to the Committee for the History of Science and Technology of the Polish Academy of Sciences for the 2003-2006 term.
Darowski has been connected with the Jesuit Faculty of Philosophy in Cracow for nearly forty years, taking an active part in its organization and management. In many different ways, he informed broad circles of society about the activity of the Faculty.
Under his direction, thirty five students obtained MAs, two obtained PhDs. As a formal reviewer and reader, he helped direct and examine eight successful Ph. D. candidates. He also evaluated the performance of eight professors.
At the Publishing House of the Faculty of Philosophy SJ, of which he was a co-founder in 1972 and manager until 2001, eighty books were published. Between 1988-1994 and 2002-2003, he was editor of the journal Rocznik Wydziału Filozoficznego 'Ignatianum' w Krakowie [Yearbook of the Faculty of Philosophy Ignatianum in Cracow]. He was founder and is still the editor of a multilingual yearbook entitled Forum Philosophicum, which has been published since 1996. Since 1999, he has been a member of the Counselling Committee for the journal Principia (Institute of Philosophy, Jagiellonian University in Cracow).
The driving principle Darowski's academic and literary activity is to be open to the international and especially the European context. Therefore he puts a great deal of effort into publishing not only in Polish, but also in major foreign languages. In relation to this, he attaches great importance to disseminating Polish philosophical thought abroad, especially that of the Jesuits - mainly by publishing texts in Western Europe. Darowski took part in the 32^nd Jesuit General Congregation in Rome (1974/ 75), and in many academic meetings and conferences both at home and abroad.
He publishes mainly in the field of the history of philosophy in Poland, especially that of the Jesuits, and also in the field of philosophical anthropology. He has consistently studied and systematized the philosophy of the Jesuits in Poland - from the 16th to the 20th century (in the 18th century Jesuits ran forty centres for teaching philosophy).
For many years, he attached great importance to the most outstanding Jesuit philosopher of the 20th century - Paweł Siwek. Recently, he concerns himself consistently with Jesuit philosophy in Poland in the 19th and 20th century.
Prof. Darowski has published 15 books and over 250 articles. More significant books are: Człowiek i Świat [Man and World], Kraków 1972; La théorie marxiste de la verite, Rome 1973; Człowiek: istnienie i działanie [Man: his existence and his activity], Kraków 1974; Filozofia w szkołach jezuickich w Polsce w XVI wieku, Kraków 1994 [Philosophy in the Jesuit Schools in Poland in the 16th Century], Kraków 1994; Filozofia człowieka [Philosophy of Man], Kraków 1995, 3rd ed.: 2002; Studia z filozofii jezuitów w Polsce w XVII i XVIII wieku [Studies in the Philosophy of the Jesuits in Poland in the 17th and 18th Centuries], Kraków 1998; Studies in the Philosophy ofthe Jesuits in Poland in the 16th to 18^th Centuries, Cracow 1999; Filozofia jezuitów w Polsce w XX wieku [Philosophy of the Jesuits in Poland in the 20th Century], Kraków 2001.
The philosophical views of Darowski are presented most clearly in his book: Filozofia człowieka [Philosophy of Man], Cracow 1995; 3d edition: Cracow 2002.
In Darowski's philosophy, there is noticeable inspiration derived from Aristote-lian and Thomistic tradition. He makes many conscious references to both their essential and existential trends. He also tries to take into consideration new philosophical thought, especially the personalistic and axiological trends, and also - in some way - the dialogical trend (e.g. chapter: Man as a Dialogical Being, p. 123). He does not avoid some new life-science achievements; he attempts to integrate them with philosophy (e.g. chapters: Cielesność człowieka [Carnality of Man], p. 57-62, and Pochodzenie człowieka [Genesis of Man], p. 102-105). In the application of his method, especially in its initial stages, there are many elements that resemble a phenomenological description.

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STANISŁAW KOWALCZYK

ROMAN DAROWSKI'S PHILOSOPHICAL ANTHROPOLOGY

Book Review: Roman Darowski, Filozofia człowieka: Zarys problematyki. Antologia tekstów [Philosophical Anthropology: Outline of Problems and Anthology], Ignatianum-WAM, Third Edition, Kraków 2002, 276 pp.

Philosophical anthropology occupies a central position within both ancient and contemporary philosophical thought. The questions: who is man, what are his origins and future, the goals and purpose of his life? - continually absorb the attention of all thinking human beings. Anthropological problems have also been, and still are, frequently discussed in Polish philosophical literature, of course from different angles, according to different methodological constructs, ideological worldviews and branches of philosophy.
One of the best known and valued authors in Poland, who has worked within the field of philosophical anthropology for few decades, is Fr. Roman Darowski S.J., Professor of Philosophy at the University School of Philosophy and Education 'Ignatianum' and at the Pontifical Thelogical Academy in Kraków. He is a dean of the Faculty of Philosophy in the former-mentioned institution, as well as the editor-in-chief of „Forum Philosophicum". Professor Darowski is, among others, author of the books: Człowiek i świat [Man and the World] (1972), Człowiek: istnienie i działanie [Man: existence and action] (1974), and Filozofia człowieka [Philosophical Anthropology] (1995).
The work under discussion was published for the third time in 2002, when it was simultaneously considerably enlarged. The book consists of two main parts: a thematic-problematic part, written by the author, and also an anthology of classical writings on the subject of man. In the first part, the first two introductory chapters are followed by fifteen chapters, which cover a series of issues from the field of philosophical anthropology.
The chapter entitled „Introductory Questions" discusses, among other things, the characteristics of the philosophical anthropology, the definition of this discipline, its position with respect to other studies of man, the method of studying philosophical anthropology and finally, the fundamental issues. The author makes links with the classical Aristotelian - Thomistic philosophy. Evidence of this can be seen in his proposed definition of human philosophy, as „a rational science about man in the light of his ultimate causes, in other words, his basic condition" (p. 17). This is without doubt a Thomistic statement, though open to current philosophical thought. This is expressed, for example, in the discussion of the method of philosophical anthropology, where two stages are distinguished: the introductory phase - the phenomenological, and the ontological phase - the metaphysical. The introductory - methodological chapter sets the tone for the dual view of the work: a theoretical - explanatory one, and an existential - didactic one. The author, following the lead of Pope John Paul II, defines three types of human condition: to have, to be, as well as to be and to have.
The second introductory chapter of Philosophical Anthropology is a synthetic outline of the history of this field of philosophy. It mentions: Antiquity, the Middle Ages, Modern Age and the contemporary philosophical theories of man. In the final part of this chapter are discussed: neopositivism, analytical philosophy, phenomenology, the philosophy of dialogue, Marxism and Christian philosophical anthropology. The method of presenting these specific trends of philosophy does not arouse any substantial reservations, and neither, essentially, does their selection. Solely questionable is the omission of existentialism. The short mention made (on p. 49) does not indicate the significant role, which existentialism (theistic and atheistic) has played in the area of philosophy and beyond.
The key part of Professor Darowski's book, currently under discussion, bears the title: „The main problems of philosophical anthropology". It consists of fifteen chapters, whose titles are worth listing here, as they give an indication of the content and structure of this book. These are: 1. Man and the animal world; 2. Embodiment of man; 3. The spiritual element of man; 4. Death and immortality; 5. The structure of the human mind and the process of mental cognition; 6. The relationship between the spiritual and the material elements; 7. Human freedom; 8. Human person and her rights; 9. The origins of man; 10. Man and the world of values; 11. Man as a creator of culture; 12. Man as a historical being; 13. Man as a dialogical being; 14. Man as a social being; 15. Man as a religious being.
The presented layout of the issues of philosophical anthropology is logical, linking the fundamental elements of the anthropology of St Thomas Aquinas with the current thought. Aquinas, while discussing the concept of man in his Summa Theologiae (I, qq. 75-89), firstly presented the category of the soul as a substantial form of the body, and only secondly, controlling forces of the soul - intellect and free will. The influence of Thomistic thought, on the work under discussion, is evident in the fact that the chapters analysing the human mind and the freedom of man follow-on after an initial discussion of the characteristic concepts of the soul - its non-material nature and its immortality. The above statement is by no means a criticism. The author has logically worked out the multi-faceted subject matter of philosophical anthropology. Firstly, he has highlighted the difference between man and the animal world, currently undermined, and even eroded, by some biologists, and not so long ago by Marxists. The following two chapters are devoted to the analysis of the component elements of a human being: his embodiment and his spiritual dimension. The question of death and immortality is a logical continuation of the analyses of the spiritual element in man. The further two chapters of the book discuss the mental regulators of man: intellect and will. The only surprise is that they are separated by a chapter, which looks at the relationship between the spiritual and the material elements of man. Would it not be more logical for the problem of the mutual relationship between the body and the soul, to be discussed directly after the analysis of the component elements of man? Chapter 8 finalizes the examinations undertaken in the work up until this point. The chapter looks at the human person and the rights she is entitled to. The issue of human rights, as raised by the author, quite rightly highlights the questions, so energetically discussed nowadays, of the basis and content of the rights of man as a subject.
The last few chapters of this part of the work discuss the fundamental attributes of the human person. One of them is the fact that man is the creator of culture, but is also a historical, dialogical, social and religious being. It is worth pointing out that some of the considerations contained therein take account of present-day philosophical thought, specifically such its currents as axiology or the philosophy of dialogue. Thanks to this, Professor Darowski's Philosophical Anthropology, being based on Thomistic principles, both enriches and modernizes it. Aquinas did not sufficiently highlight the dynamic-historical dimension of human being. Currently, justifiably, however, one stresses the fact that man is a being that develops in and through history. The author of this reviewed work separately analyzed two human attributes, namely, that man is a dialogical and social being. This division is postulated by the present-day trend in the philosophy of dialogue, while traditional sociological and philosophical thought differentiates between two areas of human social life: the micro-social dimension and the macro-social dimension. The final chapter of the first part of the work discusses and justifies the thesis that man is a religious being.
The chapters ofPhilosophical Anthropologyhave a similar content-structure. They begin with a statement of the author's position in the form of a thesis, which has already be forecast in the contents list at the beginning of the work. Further elements of each chapter are: terminological explanations, an outline of the main points and arguments in favour of the previously stated thesis. The argumentation for the specific theses is made, in the main, by direct, or indirect reference to Aristotelian - Thomistic philosophy, but also on numerous occasions, the author creatively makes links to modern-day philosophy. Thus, Professor Darowski's book is an interesting attempt of joining together the most important elements of Thomas Aquinas' anthropology with the accumulated wealth of current philosophy, specifically with phenomenology and the philosophy of dialogue.
The second important element of this discussed work is the anthology of philosophical texts on man, contained within it. Though there are already a few anthologies of this type, within Polish literature, the author of Philosophical Anthropology, uniquely, attaches more importance to current Polish philosophy. The works of the following authors are mentioned: Aristotle, St Augustine, St Thomas Aquinas, R. Descartes, M. Scheler, R. Ingarden, J. Maritain, P. Siwek, J. Tischner, K. Wojtyła, Cz. Bartnik, M.A. Krąpiec and T. Ślipko. The inclusion of an anthology of texts on different aspects of philosophical anthropology is a fortunate idea, as it enables the reader to familiarize himself, equally, with the classic works of philosophy, as well as with the works of recent, acclaimed authors. Included in the anthology are documents on human rights and duties, namely: The 1948 General Declaration of Human Rights, sections of John XXIII's encyclical Pacem in Terris, The Charter of a Person's Obligations, announced in Gdańsk, in 2000, and The Charter of Fundamental Rights of the European Union, ratified in 2000, in Nice. Interestingly selected fragments of the so-called wisdom literature complete the book. These inspire the reader to deeper reflection on the mystery of a human being.
Professor Roman Darowski's Philosophical Anthropology is a creative addition to the field of Polish philosophy dealing with thoughts on the human being. The account of the specific issues is very clear, as well as simultaneously semantically and methodologically correct. The author avoid using too many annotations, in order to maintain a clarity of prose. At the same time, however, he informs his readers and encourages them to deepen their knowledge of the issues analyzed, by directing them to bibliographies, situated both at the beginning of the book, as well as in each chapter. In accordance with its subtitle, Professor Darowski's Philosophical Anthropology gives an outline of the issues of philosophical anthropology. The author consciously refrains from excessive use of specialist terminology in favour of focusing on answers to modern man's basic questions, and does it with the clarity of an excellent lecturer - a didactic. This book is written for all those who are looking for a guide to finding the truth about man, as a person. Philosophical Anthropology, written by the Cracovian thinker, Fr. Darowski, is a good presentation of current Christian personalism.

ROMAN DAROWSKI

PHILOSOPHICAL ANTHROPOLOGY
OUTLINE OF PROBLEMS
ANTHOLOGY OF TEXTS

TABLE OF CONTENTS

IN PREPARATION

PHILOSOPHIE DE L'HOMME

PHILOSOPHICAL ANTHROPOLOGY

PAUL SIWEK SJ (1893-1986)

PHILOSOPHE ET PSYCHOLOGUE